• Lorsqu'on vit en exil... - Gaël Faye - Lorsqu'on vit en exil, on a tendance à se forger des images fantasmées du pays. Je ne voulais pas que le Rwanda soit un pays lointain, abstrait, un pays de vacances. Je voudrais le vivre au quotidien. Si j'écris sur le Rwanda ou le Burundi pendant vingt ans sans jamais plus y habiter, ce sera une posture.

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  • Mensonges et autres confidences - Juliette Noureddine -Le choix de l'interprète masculin a été difficile jusqu'à ce qu'on prononce le nom de Guillaume. Alors m'est venu son visage d'ange marqué par la vie, cette douceur contredite par la douleur, ce désarroi qui semble l'habiter, cette fragilité d'anti-héros. Et sa voix que j'imaginais tremblante d'amour et de peur sous la mitraille.
    Je l'imaginais mais j'étais loin de la réalité.

    Lorsqu'il est venu au studio, rongé par le trac, il est resté presque silencieux dévorant quelques gitanes avant d'y aller. Nous avons lancé la bande et là... silence stupéfait dans la cabine : il s'est mis à pleuvoir, nous étions avec lui, à côté de lui, écrivant sur son pauvre papier sa dernière lettre d'amour, les pieds dans la boue, les cris, les explosions comme seules musiques à sa rêverie amoureuse, le sang, le feu et le fer comme seuls décors de sa passion malheureuse...
    Je le dis parce que cette émotion est encore vive et en l'écrivant j'ai encore les larmes qui me montent aux yeux
    – inutile de dire que je ne peux écouter la chanson sans la ressentir à chaque fois : jamais je n'ai vécu cela dans un studio d'enregistrement. Tous, jusqu'au preneur de son, étaient à tordre d'émotion. C'est lui qui nous a sortis de cette éprouvante magie en nous demandant à la fin "si ça allait"...

     

    Une lettre oubliée : 

     


     

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  • Triptyque - Acrylique sur papier, 3 panneaux, 68 x 140cm - Philippe Chateau -
    Triptyque - Acrylique sur papier, 3 panneaux, 68 x 140cm
    Philippe Chateau

    Devant un personnage ou un portrait que je suis en train de travailler, je suis comme Pygmalion ou Dorian Gray (L'un puni par Dieu, l'autre par le Diable). Je prends grand soin, obnubilé même par le rendu du regard, sans entrer dans une réalité picturale qui n'a rien à voir avec ma peinture, mais dans une envie irrépressible de le faire, qu'il soit ce point central qui attire le spectateur, qui va par je ne sais quel génie ou quelle alchimie tourner autour, jusqu'aux bords du tableau...

    Quand ce regard que j'ai peint  me suit dans l'atelier et que je saisis un furtif tremblement de la peinture, je ne sais si c'est Dieu ou le Diable, mais je sais que le tableau est terminé.

    Site de l'artiste : Ici

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  • Si je pouvais croire, dit Rhoda, que la poursuite et le changement me feront devenir vieille, je serais débarrassée de ma peur : rien ne dure. L'instant ne mène pas à l'instant suivant. La porte s'ouvre et le tigre bondit. (...) J'ai peur du choc de la sensation qui bondit sur moi parce que je ne peux pas la traiter comme vous le faîtes je ne peux pas fondre l'instant dans l'instant qui suit. Pour moi, ils sont tous violents, tous distincts ; et si l'instant qui bondit me renverse sous le choc, vous vous jetterez sur moi, vous me mettrez en pièces. Je n'ai pas de but en vue. Je ne sais pas relier les minutes aux minutes et les heures aux heures, les dissoudre par une force naturelle pour composer la masse pleine et indivisible que vous appelez la vie. Les vagues - Virginia Woolf -
    Parce que vous, vous avez un but en vue – une personne, peut-être, vous asseoir à ses côtés, une idée, peut-être, votre
    beauté, peut-être ? Je ne sais pas – vos heures et vos jours défilent comme les branches des arbres et le vert soyeux des pistes forestières pour le chien courant qui suit la trace. Mais pour moi il n'y a pas de traces particulières, pas de corps particulier à suivre. Et je n'ai pas de visage. Je suis comme l'écume qui court sur la plage ou le clair de lune dont la flèche tombe ici sur une boîte de conserve, là sur la cuirasse métallique du chardon des dunes, ou sur un os ou sur une barque vermoulue. Je suis emportée par le vent dans les cavernes, et voltige comme une une feuille de papier dans des couloirs sans fin, et il faut que j'appuie la main contre le mur pour me retenir. 

     

    Peinture : Virginia Woolf, 40 x 50cm, Philippe Chateau, collection particulière

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  • Journal d'un écrivain - Virginia Woolf - Lundi 17 mars 1930
    La pierre de touche d'un livre, c'est cet espace qu'il a fallu prévoir, dans lequel vous pouvez introduire tout naturellement ce que vous avez à dire. Ainsi, ce matin, j'avais à même de dire ce que dit Rhoda. C'est la preuve que le livre a sa vie propre, car au lieu d'étouffer la chose que j'avais à dire, il m'a permis de la glisser en place sans la moindre compression ni la moindre altération.

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