• Les grandes oubliées, Pourquoi l'histoire a effacé les femmes - Titiou Lecoq -Voici un livre a mettre entre toutes les mains, un livre qui casse les idées reçues et nous amène à découvrir ou revoir le rôle des femmes dans l'Histoire. Titiou Lecoq, dans un style clair et bourré d'humour, nous fait découvrir ces femmes, omises, oubliées, effacées (le choix du mot a son importance) des leçons d'Histoire. 

    Lorsque je dis que le choix du mot a son importance, ce n'est pas seulement pour signifier qu'en fonction de celui qu'on choisira, l'intention n'est forcément pas la même : oublier est une chose. Effacer en est une autre...
    Les mots ont tellement d'importance, qu'en faisant disparaître au XVIIième siècle de son dictionnaire le féminin de métiers exercés également par les hommes et les femmes, l'Académie Française a contribué à leur en compliquer puis interdire l'accès : Ce n'était plus une évidence qu'il y ait des autrices, des médecines, des bâtisseuses de cathédrale, des peinteresses...., jusqu'à ce que cela ne leur soit plus possible de l'être. Tout simplement. C'est affligeant comme cela peut paraître simple sur le papier : On efface un mot et Hop ! au fil des ans, ce qu'il signifie s'envole avec lui. L'articulation du signifiant et du signifié, au cœur de temps de maux, dans ce domaine comme dans bien d'autres... 

    Les grandes oubliées, Pourquoi l'histoire a effacé les femmes - Titiou Lecoq -Simple ? Il ne faut pas croire que cela s'est fait sans résistance et sans heurts. Titiou Lecoq nous donne à lire ces combats, nous incite à découvrir, vérifier ses sources (si vous avez des doutes, c'est open bar, tout y est !), sans en faire un pamphlet contre les hommes. Il faudrait qu'on arrive à dépasser cette dichotomie, qui n'a d'utilité pour les uns et les unes, que de faire taire les autres (peu importe ce qu'ils ont - ou pas - entre les jambes). 

    On ne peut pas comprendre les difficultés qu'ont affrontées les femmes pour gagner en égalité si on ne comprend pas que leur refuser ces droits était l'une des bases idéologiques de notre culture. Leur accorder l'égalité, c'était remettre en cause les fondements mêmes de notre civilisation, et pour cela il fallait révolutionner notre vision du masculin et du féminin. Cela signifie également qu'il n'y a pas un sens dans lequel irait l'histoire, où les femmes gagneraient forcément de plus en plus de droits. Il y a des périodes durant lesquelles elles en ont perdu - et toujours, elles se sont battues pour être mieux considérées. 

    Posons les faits tels qu'ils sont et voyons comment faire évoluer notre société pour (re)donner aux femmes, non la place qui est la leur (cela voudrait dire quoi, d'ailleurs ?) mais tout simplement DE la place ! Et pas que dans les livres d'Histoire, mais dans la "vraie vie" : les métiers, les plateaux de TV, les terrains de sport, les centres de recherche, les bars et les rues à toute heure du jour et de la nuit... sans avoir à se justifier pour les unes ou grincer des dents pour quelques autres ! 

    4ième de couv : 

    De tout temps, les femmes ont agi. Elles ont régné, écrit, milité, créé, combattu, crié parfois. Et pourtant elles sont pour la plupart absentes des manuels d'histoire.
    " C'est maintenant, à l'âge adulte, que je réalise la tromperie dont j'ai été victime sur les bancs de l'école. La relégation de mes ancêtres femmes me met en colère. Elles méritent mieux. Notre histoire commune est beaucoup plus vaste que celle que l'on nous a apprise. " Pourquoi ce grand oubli ? De l'âge des cavernes jusqu'à nos jours, Titiou Lecoq s'appuie sur les découvertes les plus récentes pour analyser les mécanismes de cette vision biaisée de l'Histoire.
    Elle redonne vie à des visages effacés, raconte ces invisibles, si nombreuses, qui ont modifié le monde. Pédagogue, mordante, irrésistible, avec elle tout s'éclaire. Les femmes ne se sont jamais tues. Ce livre leur redonne leurs voix.
    " Femme libre et engagée, esprit avide et curieux, écrivaine confirmée, Titiou Lecoq livre un grand récit, passionnant et vrai. " Michelle Perrot.

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  • Femmes invisibles - Caroline Criado Perez -Je n'ai pas l'habitude de commencer par une citation, lorsque je partage avec vous mon avis sur un livre, mais je vais faire une exception aujourd'hui, car cela situe tout de suite le propos de l'autrice :

    Supposer que ce qui est masculin est universel est une conséquence directe de l'absence de données genrées. Le fait d'être blanc et de sexe masculin ne peut aller de soi que si la plupart des autres identités ne sont jamais exprimées. Mais l'universalité masculine est également une cause de l'absence de données genrées : parce que les femmes ne sont pas vues et que l'on ne se souvient pas d'elles, et parce que les données masculines constituent l'essentiel de ce que nous savons, ce qui est masculin en vient à être considéré comme universel. Cela conduit à placer les femmes - la moitié de la population mondiale - au rang de minorité. Avec une identité de niche et un point de vue subjectif. Dans un tel cadre, les femmes sont vouées à être oubliables, ignorables, non indispensables à la culture, à l'histoire, aux données. Et ainsi les femmes deviennent invisibles. 

    Arrêtons de chercher le nœud du problème - de la guerre ?, il est là ! Et tout ce qui en découle est phénoménal, presqu'invraisemblable (d'où la pertinence du propos, des exemples et de la longue liste des sources utilisées) et englue les femmes dans un combat qui parait sans issue pour l'équité, la reconnaissance, la connaissance et la visibilité des Femmes d'exception et de toutes les autres qui méthodiquement ont disparues, sans grand bruit, de nos mémoires, de nos livres d'histoire, de nos modèles et mentors...

    Caroline Criado Perez n'est là pour persuader personne, et moi encore moins, donc je ne ferai pas de cette critique un pamphlet et ne vous listerai rien de tout ce qui est révoltant, surprenant, scandaleux, incompréhensible et bien souvent contraire à tout ce qui est humainement sensé et profitable au bien commun. Elle a rédigé cet essai brillant, dont on mesure avec vertige et respect la somme de travail et de détermination qu'il a nécessité, pour ouvrir les yeux des deux moitiés genrées de l'espèce humaine et faire avancer le monde dans le bon sens...

    Caroline Criado Perez ne veut pas nous persuader. Elle veut nous convaincre. Tous. Vaincre avec nous cette chappe de verre pour qu'elle finisse par voler en éclat et laisser la part belle à l'expression de toutes les personnalités, tous les talents de ce monde, en tenant compte des spécificités biologiques, psychologiques,  intellectuelles, ... de l'ensemble de l'espèce humaine ! 

    Les choses vont évoluées. Dans certains pays, la situation des femmes rétrograde, dans d'autres les mentalités s'ouvrent et évoluent mais pour donner quoi, en final ? Une seule certitude : rien ne se fera sans rien ! 

    Femme et Homme qui lisez ses modestes lignes, osez ce livre sans le préjuger et faîtes-vous votre propre opinion... 

    ¤ ¤ ¤
    4ième de couv : 

    Un téléphone portable qui tient difficilement dans la main, un risque accru d'accidents de la route, une exposition plus importante aux produits chimiques des médicaments... Tous ces dysfonctionnements plus ou moins dangereux concernent les femmes. Pourquoi ? Parce que ce sont des hommes qui ont imaginé le monde dans lequel on vit, et qu'ils l'ont imaginé pour des hommes, à leur image. Ainsi, les femmes sont 47% plus susceptibles d'être blessées lors d'accidents de la route car les tests de sécurité sont effectués sur des hommes d"1m77 et pesant 76 kilos, elles ont aussi davantage de mal à réagir à certains médicaments, car encore une fois, les tests sont effectués sur des hommes... Cela semble incroyable, mais c'est pourtant une réalité : la plupart des infrastructures, équipements, que l'on utilise quotidiennement ont été pensées sans égard aux différences entre les sexes. Et l'on n'a jamais pris la peine de les tester sur les femmes. C'est ce que montre Caroline Criado Perez dans ce livre extrêmement documenté, à travers des exemples très concrets, en France et dans le monde.

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  • L'ascension de l'homme - Jacob Bronowski - Vaste projet entrepris là par Jacob Bronowski, il y a déjà quelques dizaines d'années : vulgariser les connaissances scientifiques de son époque (les années 70) pour non seulement les rendre accessibles à la compréhension de tous, mais surtout, leur donner vie et réalité dans les esprits des hommes de son temps et du nôtre. Certes, des connaissances nouvelles ont créé d'autres perspectives depuis, mais le ton et l'esprit curieux et pédagogue de l'auteur font de cette lecture un réel moment de plaisir et de découverte !

    Chaque animal laisse des traces de ce qu'il a été ; seul l'homme laisse des traces de ce qu'il a crée. 

    En bien ou en mal...

    Certains chapitres m'ont passionné plus que d'autres : la moisson des saisons, la structure cachée, le messager des étoiles ou la ruée vers l'énergie, mais ce qui ne veut pas dire que les autres ont été sans intérêt. Au contraire, Jacob Bronowski sait aiguiser notre curiosité et l'on se retrouve à le suivre sur des terrains où nous ne serions peut-être jamais allés seuls... j'en ai pour exemple, le triangle rectangle et Pythagore, qui ne sont plus maintenant de mauvais souvenirs ! 

    L'ascension de l'homme ouvre aussi sur des perspectives, développées par d'autres auteurs plus contemporains, dont Jacob Bronowski ne pouvait avoir connaissance, mais qu'il pressentait : 

    L'ascension de l'homme continuera. Mais je ne pense pas qu'elle se poursuivra portée par la civilisation occidentale telle que nous la connaissons. Nous sommes pesés dans la balance en ce moment même. Si nous abandonnons, la prochaine étape sera franchie - mais pas par nous. Personne ne nous a accordé une garantie qui aurait été refusée à l'Assyrie, à l'Egypte et à Rome. Nous sommes nous aussi sur le point d'être le passé d'un autre. 

    Merci à Babelio et aux éditions Cassini pour l'envoi de ce livre !

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    4ième de couv : 

    L'histoire de l'humanité est jalonnée par les grandes innovations : la naissance de l'agriculture, qui fit de l'homme un sédentaire, celle des civilisations de bâtisseurs, qui voici quatre mille ans créèrent palais, villes et empires, celle du travail des métaux. L'étape la plus récente de cette histoire est la révolution scientifique qui suivit la Renaissance et dont découlèrent la révolution industrielle et les révolutions politiques. Il n'y a là rien de surprenant : si la science donne à l'homme les moyens de mieux comprendre et de maîtriser le monde dans lequel il vit, elle est aussi porteuse de valeurs : libre confrontation des arguments, rejet des dogmes, progrès. Dans L'ascension de l'homme, Jacob Bronowski nous raconte - sur le ton oral et familier qui était celui de la série télévisée de la BBC dont est issu le livre - l'histoire de l'humanité du point de vue des techniques et de la science. Il nous emmène à la rencontre des dernières populations de pasteurs nomades, en Laponie ou dans les montagnes d'Iran, ou bien au japon pénétrer les secrets de la fabrication des sabres de samouraïs. Aux anonymes bâtisseurs de Machu Picchu ou des cathédrales succèdent Copernic, Galilée, Newton, puis Gauss, Darwin, Mendeleïev, Pasteur, Mendel, Einstein et bien d'autres, que Bronowski présente dans le contexte de leur époque et de leur vie personnelle, tout comme il présente dans leurs propres termes la question essentielle qu'ils se sont posée. Et qu'il s'agisse de l'atome, de la relativité, de la sélection naturelle, de l'hérédité ou de l'ADN, Bronowski parvient à nous expliquer de façon étonnamment simple la solution qu'ils ont donnée.

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  • Humanité : une histoire optimiste - Rutger Bergman -Voici remis au goût du jour un débat qui court déjà depuis quelques siècles : L'Homme est-il naturellement bon ou mauvais ? La société l'a-t-il corrompu ou au contraire sauvé de ses funestes pulsions ? L'opposition, toujours aussi passionnante entre la thèse de Rousseau (l'homme est bon naturellement et c'est la société qui l'a corrompu) et Hobbes (l'homme est un loup pour l'homme) se voit ici développée à la lumière de notre modernité. Et pourtant, fondamentalement, les réflexions et les problématiques ne semblent pas avoir évoluées tant que cela…

    L'idée selon laquelle les gens seraient naturellement égoïstes, agressifs et portés à la panique est un mythe tenace. le biologiste Frans de Waal appelle cela la "théorie du vernis". La civilisation ne serait qu'une mince couche qui se craquellerait à la moindre anicroche. En réalité, c'est l'inverse : c'est précisément lorsque les bombes tombent du ciel ou lorsque les digues rompent que le meilleur en nous affleure à la surface. 

    Rutger Bergman se lance dans un défi difficile : défendre la bonté naturelle de l'homme et en faire une des clefs pour sortir du marasme actuel (le délitement de nos démocraties, notre planète à bout de souffle, la gouvernance de quelques-uns aux dépens de tous les autres…) ; Et ça marche ! Vous le suivez dans ses développements, et il vous embarque dans cette vision positive qui vous fait dire « oui, c'est possible ! ». Malheureusement, la réalité nous engagerait plutôt à penser l'égal opposé de ce que Rutger Bergman défend. Mais n'est-ce pas là tout l'enjeu de ce livre ? Nous faire appréhender nos difficultés, nos conflits, nos relations humaines... différemment, avec toujours une vision, une énergie positive.

    J'ai beaucoup aimé cette lecture. L'auteur est clair et alimente son propos d'exemples qui ancrent sa pensée dans la réalité. Sa vision des médias et de leurs impacts négatifs sur nos vies et notre santé mentale est assez puissante et nous fait regretter d'autant plus le travail d'enquête et d'information qui devrait être le souci premier de tout journaliste.
    Un grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre !
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  • Sorcières - Mona Chollet - Les sorcières, ce sont nous toutes : toi, qui préfère faire carrière plutôt que de rester à la maison pour élever tes enfants, moi qui souhaitais travailler à temps plein et aussi pouvoir élever mes enfants sans reproches, jugements et avec des infrastructures (garde, école, etc) qui me le permettent, elle qui n'en veut pas des mioches et veut vivre "comme un homme" et qu'on lui foute la paix !
    - Vivre comme un homme ? tu veux dire quoi par là ?
    - Travailler, gérer son argent, son emploi du temps, sa vie sans charge mentale autre que la sienne...
    - Ah ! En un mot, "vivre", quoi ?! pourquoi tu rajoutes "comme un homme" ?
    - Cherche et tu vas trouver ! 

    Car, nous verrons avec Mona Chollet, que ce qui est une évidence pour la gente masculine est loin d'être aussi facile pour nous, les femmes. Non, elle n'exagère pas, elle dit tout simplement ce qui est, au fil des époques, des âges aussi (pas simple de vieillir pour une femme et bien plus difficile socialement, culturellement parlant que pour un homme)... 

    Au fur et à mesure de la lecture, elle nous fait nous interroger sur des choses que nous avons tendance à penser "de fait" ou "de droit", alors qu'il n'en est souvent rien. Certains retours sur l'Histoire font froid dans le dos. On voudrait ne pas y croire tant c'est inconcevable. Mais les faits sont là...

    Beaucoup crie au loup, à la supercherie, au féminisme exacerbée et ont tendance à ridiculiser et/ou montrer du doigt toute personne (homme ou femme) qui refuse ces clivages. Le ridicule ne tue pas. Mais il contraint souvent au silence... Alors, que nous en  soyons convaincus ou non, lisons Sorcières, et que chacun se fasse son opinion en son âme et conscience...

    Aller débusquer, dans les strates d'images et de discours, ce que nous prenons pour des vérités immuables, mettre en évidence le caractère arbitraire et contingent des représentations qui nous permettent d'exister pleinement et nous enveloppent d'approbation : voilà une forme de sorcellerie à laquelle je serais heureuse de m'exercer jusqu'à la fin de mes jours.

    ¤ ¤ ¤
    4ième de couv

    Tremblez, les sorcières reviennent ! disait un slogan féministe des années 1970. Image repoussoir, représentation misogyne héritée des procès et des bûchers des grandes chasses de la Renaissance, la sorcière peut pourtant, affirme Mona Chollet, servir pour les femmes d'aujourd'hui de figure d'une puissance positive, affranchie de toutes les dominations.

    Qu'elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout. Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure. La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l'Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femme ces siècles de terreur ont-ils censurés, éliminés, réprimés ?
    Ce livre en explore trois et examine ce qu'il en reste aujourd'hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante –; puisque les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant –; puisque l'époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée – devenue, et restée depuis, un objet d'horreur.
    Enfin, il sera aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s'est développé alors tant à l'égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.
    Prix de l'essai Psychologies-Fnac 2019

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