• Les vagues - Virginia Woolf -

    Si je pouvais croire, dit Rhoda, que la poursuite et le changement me feront devenir vieille, je serais débarrassée de ma peur : rien ne dure. L'instant ne mène pas à l'instant suivant. La porte s'ouvre et le tigre bondit. (...) J'ai peur du choc de la sensation qui bondit sur moi parce que je ne peux pas la traiter comme vous le faîtes je ne peux pas fondre l'instant dans l'instant qui suit. Pour moi, ils sont tous violents, tous distincts ; et si l'instant qui bondit me renverse sous le choc, vous vous jetterez sur moi, vous me mettrez en pièces. Je n'ai pas de but en vue. Je ne sais pas relier les minutes aux minutes et les heures aux heures, les dissoudre par une force naturelle pour composer la masse pleine et indivisible que vous appelez la vie. Les vagues - Virginia Woolf -
    Parce que vous, vous avez un but en vue – une personne, peut-être, vous asseoir à ses côtés, une idée, peut-être, votre
    beauté, peut-être ? Je ne sais pas – vos heures et vos jours défilent comme les branches des arbres et le vert soyeux des pistes forestières pour le chien courant qui suit la trace. Mais pour moi il n'y a pas de traces particulières, pas de corps particulier à suivre. Et je n'ai pas de visage. Je suis comme l'écume qui court sur la plage ou le clair de lune dont la flèche tombe ici sur une boîte de conserve, là sur la cuirasse métallique du chardon des dunes, ou sur un os ou sur une barque vermoulue. Je suis emportée par le vent dans les cavernes, et voltige comme une une feuille de papier dans des couloirs sans fin, et il faut que j'appuie la main contre le mur pour me retenir. 

     

    Peinture : Virginia Woolf, 40 x 50cm, Philippe Chateau, collection particulière

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