• Quelque part dans l’obscurité, un phénix lançait un chant que Harry n’avait encore jamais entendu : une lamentation déchirante d’une terrible beauté. Comme il lui était déjà arrivé de le ressentir lorsque chantait le phénix, il eut l’impression que la musique ne venait pas de l’extérieur mais qu’elle était en lui : c’était son propre chagrin, transformé par magie en une mélodie, qui s’élevait dans le parc et leur parvenait par les fenêtres du château.

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  • ALBUS -
    Tu crois que... Si j'étais... Imagine que je sois envoyé à Serpentard ?

    HARRY -
    Qu'est-ce qu'il y aurait de mal à ça ?

    ALBUS -
    Serpentard, c'est la maison du serpent, celle des forces du Mal... Ce n'est pas une maison de sorciers courageux.

    HARRY -
    Albus Severus, tes deux prénoms t'ont été donnés en souvenir de deux directeurs de Poudlard. L'un d'eux était un Serpentard et il était sans doute l'homme le plus courageux que j'ai jamais rencontré.

     

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  •  C'est au lecteur d'allumer la mêche des mots - Elena Ferrante - Books juin 2016

    De nombreux critiques semblent lier directement ton travail d’écriture, sa sincérité, son honnêteté, au fait que tu te tiens à distance de la scène médiatique. Moins on se montre, mieux on écrit ?

    Vingt ans et quelques, c’est long, et les raisons du choix que j’ai fait en 1990, lorsque nous avons pour la première fois assumé mon besoin de rester en dehors du rituel qui entoure la publication d’un livre, ont changé. À l’époque, j’étais effrayée à l’idée de devoir sortir de ma coquille ; c’est la timidité qui a prévalu. Par la suite, mon hostilité s’est accentuée envers les médias, le peu d’attention qu’ils accordent aux livres en eux-mêmes, sans compter la tendance à donner d’autant plus de poids à un texte que le prestige de son auteur est déjà établi. Tout se passe comme si les textes ne suffisaient pas à démontrer le sérieux de la littérature, et que celle-ci avait besoin de fournir des preuves « extérieures » à l’appui de la qualité des œuvres.

    Mais je dois dire que ce qui n’a jamais perdu de son importance, dans ma désormais longue expérience de retranchement, c’est l’espace de création qu’elle a révélé. Savoir que le livre, une fois achevé dans ses moindres passages, poursuivra son chemin sans que jamais ma personne physique ne l’accompagne, savoir que rien de l’individu concret, défini que je suis, n’apparaîtra jamais aux côtés du volume imprimé, comme si ce dernier n’était qu’un petit chien dont on se sent la maîtresse, m’a dévoilé des aspects de l’écriture certes évidents, mais auxquels je n’avais jamais pensé. J’ai eu l’impression d’avoir séparé les mots de moi-même.

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  •  C'est au lecteur d'allumer la mêche des mots - Elena Ferrante - Books juin 2016
    Anna Bonaiuto dans L'Amour meurtri (1995), adaptation de
    l'amour harcelant
    , premier roman d'Elena Ferrante.

    Quelle importance ont les lecteurs à tes yeux ?

     Je ne crois pas qu’il faille prendre le lecteur par la main comme un consommateur quelconque, car il ne l’est pas. La littérature qui devance les goûts du lecteur est une littérature dépravée. Je préfère paradoxalement décevoir les attentes habituelles et en susciter de nouvelles. Un récit est réellement vivant non parce que l’auteur est photogénique ou que les critiques en disent du bien, mais parce que, au long d’un certain nombre de pages, il n’oublie jamais les lecteurs, puisque c’est à eux qu’il revient d’allumer la mèche des mots. Je ne renonce à rien de ce qui peut donner du plaisir au lecteur, même à ce qui est tenu pour vieux, déjà vu, vulgaire. Comme je le disais, c’est la vérité littéraire qui rend toute chose neuve et subtile ; ce qui compte dans un texte bref, long ou infini, ce sont la richesse, la complexité, le charme de la trame narrative. Dès lors qu’un roman possède ces qualités-là – et aucun tour de passe-passe marketing ne peut les lui donner –, il n’a besoin de rien d’autre, il peut suivre sa route en entraînant derrière lui les lecteurs, et éventuellement jusque dans la direction opposée, l’antiroman.

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  • L'albatros - Charles Baudelaire -

    Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
    Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
    Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
    Le navire glissant sur les gouffres amers.

    A peine les ont-ils déposés sur les planches,
    Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
    Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
    Comme des avirons traîner à côté d'eux.

    Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
    Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
    L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
    L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

    Le Poète est semblable au prince des nuées
    Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
    Exilé sur le sol au milieu des huées,
    Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

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