• « Et que l'on estime perdue toute journée où l'on n’aura pas dansé au moins une fois. » Nietzsche

     

     

    Nadia Vadori-Gauthier : une minute de danse par jour

    "Une minute de danse par jour aura un an en janvier 2016.

    Depuis plusieurs mois vous êtes de plus en plus nombreux à suivre ces danses et à soutenir le projet en m’envoyant des commentaires, des petits mots chaleureux ou en postant des danses sur ma page.

    En janvier 2016, cela fera un an depuis les attentats de Charlie Hebdo et un an que je me suis engagée dans un acte de résistance poétique qui consiste à agir au quotidien une présence sensible dans le monde : Je danse une minute et quelque, tous les jours, dans les états et les lieux dans lesquels elle se trouve, et la poste en ligne le jour-même. Je danse en intérieur ou en extérieur, dans des endroits publics ou privés, seule ou avec d’autres, des inconnus ou des gens que je connais et parfois des amis.
    Je danse comme on manifeste, pour œuvrer à une poésie vivante, pour agir par le sensible contre la violence de certains aspects du monde.
    C’est la réponse que j’ai trouvé pour m’impliquer en acte à ma mesure, dans une action réelle, répétée, qui puisse déplacer les lignes, faire basculer le plan ou osciller la norme.

    J’ai été également également inspirée pour ce projet d’une phrase de Nietzsche tirée de Ainsi parlait Zarathustra et qui dit : « Et que l'on estime perdue toute journée où l'on n’aura pas dansé au moins une fois. »
    ça veut dire pour moi qu’il s’agit de vivre, qu’il s’agit de vivre en mouvement, de rester en mouvement.

    J’ai été également accompagnée dans l’élaboration de ce projet par un proverbe chinois : « Goutte à goutte l’eau finit par traverser la pierre. ». Cela veut dire qu’une action minime et répétée peut finir par avoir un grand effet.
    La goutte d’eau, ce sont les danses, quotidiennes, interstitielles, sans armes ni sans boucliers. et la pierre, c’est un certain durcissement du monde(communautarismes, hiérarchies, consumérismes, dogmatismes), et aussi la désolidarisation d’avec la nature et le manque d’une dimension poétique active au quotidien. 

    Alors pour moi , une minute de danse par jour, c’est un engagement esthétique, c’est à dire de la sensibilité, un engagement poétique, éthique et microlitique, qui est radical à la petite échelle qui est la mienne.

    Je continue à danser tous les jours, en pensant à vous, pour œuvrer à une place plus sensible dans le monde, pour qu’il y ait des circulations entres les cases, les catégories, les corps.
    Je parie que c’est possible.

    Chaque jour, tout recommencer à zéro, comme s’il n’y avait jamais eu aucune danse ; tout est à refaire, le corps, la danse ; tout est à danser, à redanser, pour une minute et quelque.
    Danser la vie qui passe et qui vibre dans les interstices du quotidien

    Goutte à goutte l’eau finit pas transpercer la pierre."

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  • De la curiosité - Alberto Manguel -"Ce que nous désirons savoir et ce que nous imaginons sont les deux faces d'une même page magique.

    L'une des expériences communes à la plupart des vies de lecteurs est  la découverte, tôt ou tard, d'un livre qui mieux que tout autre favorise l'exploration de soi-même et du monde, qui paraît inépuisable en même temps qu'il concentre l'intelligence d'une manière intime et singulière sur les détails les plus minuscules."

    De la curiosité - Alberto Manguel -

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  • Je le vois
    Il est là
    En transe
    Tournant et ondulant son corps
    En partance
    Tout au bord
    Un ailleurs

     

     Il saoule sa bonté
    la range et la répand
    Au dedans

    Oublie la torpeur moite du pavé
    Au dépit
    Du débit
    De sa vie

     

    Au cœur du dragon
    Pas touche
    Le chien jappe

    Ultime compagnon

     

     Collés sur la peau
    Les oripeaux
    Étang de vie noyée
    Sur le parquet des lâches abandonné
    Le jeune loup
    Poussé
    A bout

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  • "Pour la première fois depuis la fondation de la C.U., la population de Paris, gagnée par la panique descendait dans la rue pour clamer sa colère et son inquiétude. La police peinait à contenir les vagues humaines qui déferlaient sur l'hôtel de ville et menaçaient de le submerger. Jamais NyLoPa n'avait été à ce point déstabilisée. Les citadins commençaient à réclamer un gouvernement autoritaire et le déploiement de l'armée Unifiée. Une solution stupide : les soldats de l'A.U., même armés jusqu'aux dents, même bardés de nouvelles technologies, n'auraient servi à rien contre les insaisissables meurtriers, mais les populations terrorisées avaient besoin de voir des uniformes sur les places, dans les rues, devant leurs portes. Les médias jetaient de l'huile sur le feu, accusaient les municipalités d'incurie, vilipendaient les maires et leurs conseillers, réclamaient des mesures énergiques, urgentes, radicales."

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  • "Certains poètes ont fini au goulag pour avoir composé un vers de trop, pour s'être laissés aller un jour ou une heure, au mauvais moment.
    (...)
    Autour de lui, un tas de chefs minces de cou
    Les sous-hommes zélés dont il joue et se joue,
    Tel siffle, tel miaule, geint ou ronchonne,
    Lui seul frappe du poing, tutoie et tonne,
    En forgeant, tels des fers à cheval, ses décrets -
    En plein front et dans l’œil, au ventre, où ça lui plaît !
    (...)
    Les plus chanceux avaient une femme, un ami ou un amant qui avalaient leurs vers pour ne pas les laisser se perdre."

    ¤ ¤ ¤

     

    Vers d'Ossip Mandelstam, extraits de son Épigramme contre Staline. Il mourut sur le chemin qui le conduisait au goulag, de faim et de froid. Pour 16 vers qui composaient "Le montagnard du Kremlin". Les voici :


    "Nous vivons sourds à la terre sous nos pieds,
    À dix pas personne ne discerne nos paroles.
    On entend seulement le montagnard du Kremlin,
    Le bourreau et l'assassin de moujiks.
    Ses doigts sont gras comme des vers,
    Des mots de plomb tombent de ses lèvres.
    Sa moustache de cafard nargue,
    Et la peau de ses bottes luit.

    Autour, une cohue de chefs aux cous de poulet,
    Les sous-hommes zélés dont il joue.
    Ils hennissent, miaulent, gémissent,
    Lui seul tempête et désigne.
    Comme des fers à cheval, il forge ses décrets,
    Qu'il jette à la tête, à l'?il, à l'aine.
    Chaque mise à mort est une fête,
    Et vaste est l'appétit de l'Ossète."

    ¤¤ ¤

     

    Épigramme contre Staline, lu par Gilles-Claude Thériault :

     

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