• Voilà quelques temps déjà que j'ai clos la lecture de ce livre et il est toujours tellement présent en moi, que je n'arrive pas à passer sereinement à un autre, que je ne me résous pas à écrire cette critique, qui ne pourra être que désuète par rapport au sentiment laissé, car quoi dire et que dire de plus ?

     

    Comment écrire ici « j'ai adoré ce livre », « c'est un livre sublime, magnifique », « l'écriture est superbe, tendue dans un équilibre fragile », « l'auteure a fait un travail d'écriture formidable »... alors que l'essentiel du propos n'est qu'horreur et douleur ?

     

    (Non, je n'oublie pas ce pari de vie, Sacha-James et Mila...)

     

    Alors parler du fossé entre le récit institué comme vecteur de mémoire et le vécu. de cette distance au fil du temps, mise par Suzanne, entre les faits qu'elle raconte et les émotions éprouvées : protection toute naturelle et humaine, qui va voler en éclats.

     

    Et replonger avec Kinderzimmer, dans sa terreur et sa souffrance, livrée ici en flot, en jet, comme un trop plein déversé dans l'urgence, parole gardée pour soi à la sortie des camps, où l'on ne pouvait dire, faute de volonté d'entendre.

     

    Penser à ces soixante dix dernières années, au présent et au futur qui nous attend et se demander si nous ne scandons pas tous, le « plus jamais ça ! », les yeux bandés...

    ¤ ¤ ¤

     

    Valentine Goby à la librairie Mollat  : "Tout le monde est une figure de nourrisson dans l'histoire"

     

     ¤ ¤ ¤

    Kinderzimmer - Valentine Goby -

    4ième de couv

     

    "En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plusieurs dizaines de milliers de détenues. Mila a vingt-deux ans quand elle arrive à l’entrée du camp. Autour d’elle, quatre cents visages apeurés. Dans les baraquements, chacune de ces femmes va devoir trouver l’énergie de survivre, au très profond d’elle-même, puiser chaque jour la force d’imaginer demain.
    Et Mila est enceinte mais elle ne sait pas si ça compte, ni de quelle façon."
     

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  •  "Un plan lecture" est le recueil de textes écrits par Hélène Gerster lors de sa résidence au CipM durant trois mois en 2010, sur deux périodes de six semaines. La première, vouée à la lecture, individuelle ou publique, et la seconde à l'écriture. Mais toutes avec comme toile de fond, Marseille (ses rues, ses gens, ses lieux...), les auteurs, leurs interactions et cette fameuse carte à construire, déconstruire, imaginée, rêvée :

     

    « Cartographier un chemin dans les textes, essayer de faire dessin du mouvement de la lecture, lui donner une forme. »

    Pour un(e) artiste, s'inscrire dans la démarche de bénéficier d'une résidence d'artiste n'a rien d'anodin.

    « Une résidence, c'est offrir un espace, une fenêtre, c'est faire confiance. »

    Elle peut être sans attente et objectif précis : un pur mécénat, qui ne court plus beaucoup les rues, ou être assortie de « finalités ». Elle peut lui être proposée au vu de la qualité et de la spécificité de son travail de création, et là, c'est la situation la plus enviable, car il y a derrière, un désir et une reconnaissance, ou c'est l'artiste lui-même qui est allé au devant : ce qui veut dire sélectionner les différents appels d'offre, élaborer les grandes lignes d'un projet en accord avec ce qui est souhaité, montrer patte blanche (CV, « book », lettre d'intention… et oui, même les artistes n'y coupent pas !), passer les premières sélections et espérer être l'élu(e). Tout en gardant en tête de préserver sa liberté de création...

    C'est souvent succéder à un autre, poser ses marques dans un lieu où les pas de cet autre ont résonné la veille en s'en dissociant, investir un espace en espérant y laisser traces et dans un temps défini bien souvent trop court, s'abreuver de rencontres, d'images, de découvertes, entrecoupées de solitude et de silence, où il faut digérer tout cela, modeler, façonner toute cette matière à création pour accoucher d'un mentir-vrai à la justesse de notre vécu, du lieu, des gens, et de toutes leurs attentes. Dans l'urgence...

    « elle s'installe, prend des mesures
    mesure le temps qui va se dérouler,
    qui reste : un instant. »

     

    C'est une euphorie et parfois un désespoir. C'est une adrénaline et un moteur terrible ou une angoisse à faire blêmir, quand l'alchimie ne prend pas.

    « Des circulations se mettent en place, chercher de nouveaux chemins ou reprendre des sentiers déjà connus ? »

    Mais quand l'alchimie se crée, quand on a la certitude d'être là où il faut être, au moment précis où cela doit être :

    « La ville s'offre, les rues se donnent, de sorte que très vite les espaces inconnus prennent vie, de sorte qu'en réalité ce qu'on fait quand on marche dans une ville c'est penser, et on pense de telle façon que nos réflexions composent un parcours, parcours qui n'est ni plus ni moins que les pas accomplis si bien qu'à la fin on pourrait sans risque affirmer avoir voyagé et, on pourrait sans risque affirmer : il s'agit bien d'un voyage, on pourrait sans risque affirmer avoir été quelque part, même si on ne sait pas où.
    (...)
    Sentir le plaisir d'aller entre les lignes.
    Sans sentir le besoin d'arriver. »

     

    Et cela donne "Un plan lecture" qui contient bien plus que les quelques pages qui le composent. Ce que nous livre Hélène Gerster, c'est une invitation à penser, rêver, déambuler à l'intérieur des pages lues ou encore inconnues, survoler et superposer toutes ces lignes, et s'essayer à construire sa propre carte, pour ne pas laisser s'enfuir tous nos imperceptibles, et revisiter à l'infini toutes nos villes...

    «Marcher est strictement équivalent à lire même si ces deux activités sont imaginées ; le paysage de la mémoire devient alors un texte aussi construit que les récits inscrits dans les jardins, les labyrinthes ou les chemins de traverse. Il est des promenades qui ressemblent à des livres, l'inverse existe aussi. »

    La marche et son pouvoir de création. La marche comme cette parenthèse du temps où l'esprit « se dégourdit les jambes », où la flânerie s'intériorise si intensément, qu'on en arrive parfois à ne plus savoir où se trouve là le chemin, là le point d'arrivée.

    Lisez-le, comme on lirait des bribes de réflexion accompagnant un parcours au détours des rues et des mots, comme on utiliserait un plan, pas comme une fin en soi, mais comme un guide dont on se sert pour (re)trouver son chemin, une béquille qui nous stabilise et nous aide à marcher...

    Et tant pis si cela n'a rien à voir, mais j'ai aimé tellement découvrir ce qui suit, au milieu d'autres bribes, comme une césure essentielle, que je ne peux que vous le livrez, sans transition, comme un saut du coq à l'âne...

    « Des mineurs chiliens sont au fond d'un trou, d'un trou à rats. Et la terre entière le fixe. »

    Et si vous lisez le plan, vous en apprécierez la seconde, tout aussi essentielle...

     

    Un plan lecture - Hélène Gerster -

    4ième de couv (ou équivalent)

     

     Une résidence de trois mois. Scindée en deux pour des raisons logistiques extérieures au projet. Utilisation du contexte, tentative d’optimisation de contraintes. Deux temps de 6 semaines.

    Le premier, estival, consacré essentiellement à la lecture. En point de départ des textes apportés, des sujets déjà abordés. Comme ligne d’horizon une ville, une bibliothèque et des déambulations. Pour ne pas perdre le fil, pour tenter de prolonger la mémoire de ces journées : une carte. Une carte qui transcrit comment un texte conduit à un livre puis à un autre. Une carte qui lie des auteurs qui se lisent dans d’autres. Une carte qui reste une abstraction car il lui manque ce qui caractérise le territoire : son mouvement perpétuel. Une carte qui se fait en même temps qu’elle se déforme. Une carte qui se déroule à travers un temps.

    Le second temps, automnal, a été consacré à une (re)lecture de cette carte, à la rédaction d’« un plan lecture ». Un texte écrit sur place.

     

    Photos extraites du site de l'auteure Hélène Gerster, auteure plasticienne et du cipM Fiche auteur d'Hélène Gerster

     

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  • "Poète
    On n'a pas
    D'autre choix
    Que d'être secret
    Sinon comment
    Entendrait-on
    chanter
    La nuit ?"

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  •  

    A l'idée de recevoir l'assassin qui rêvait d'une place au paradis via les opérations masse critique, organisées par Babelio (que je remercie ici vivement, ainsi que les Presses de la Cité, pour leur partenariat et l'envoi de ce petit bijou si prometteur), je me délectais déjà de cette belle parenthèse d'humour que serait ce livre dans la grisaille actuelle !

     

    Je ne vous dirais pas si Dédé le Meurtrier a réussi à se réserver un cocon douillet à la droite du Seigneur (ou la gauche, je ne sais plus trop et les marques sur le dessus de mes mains se sont effacées...), mais une chose est malheureusement sûre, c'est qu'il n'a pas réussi à se faire une place dans mon coeur de lectrice, ou en tout cas, pas celle que je lui aurais souhaitée.

     

    Je n'ai vraiment pas accroché et ai peiné pour le finir, car, oui, malgré tout, je suis allée jusqu'au bout de ses aventures et cela pour deux raisons : d'une et la plus légitime, c'est que je m'y suis engagée et que je ne prends pas à la légère cette mission qui nous est confiée et compte bien rester à la gauche du très haut dans l'univers Babelio (ou la droite, je vous redirais ça dès que j'aurai enfilé mes Kickers, là, c'est encore un peu tôt pour les avoir aux pieds) ; et de deux, parce que je ne sais pas fausser compagnie à un livre, même s'il ne me plaît pas ! Car derrière, il y a un auteur et des heures et des heures passées à écrire, lire, raturer, ré-écrire, relire, rayer et motsdire... Enfin, bref, je fais partie de celles et ceux, qui ne savent pas encore bien user de la première liberté du lecteur, celle d'abandonner ! Je vous jure que je me soigne, telle que vous me voyez là, j'ai réussi à en lâcher un avant la fin, il y a pas moins de 18 mois ! Un exploit !!

     

    Bon, trêve de baratin, car je sens que je vais en gonfler plus d'un en faisant semblant d'être drôle, tout en sachant que je ne le suis pas, et c'est pas le but, n'est-ce pas ?

     

    Mon avis, donc et ma triste conclusion : Les aventures de Dédé le Meurtrier sont quelque peu tirées par les cheveux, ce n'est pas une question de vraisemblance, on s'en moque là, mais les ficelles sont lourdes ; on a l'impression que l'auteur rame un peu pour nous apporter sur un plateau une situation burlesque, qui en ce qui me concerne, n'est pas arrivée à me faire rire, ni vraiment sourire.

     

    Je n'ai pas su m'approprier les personnages, à part peut être celui du pasteur défroquée, qui cite à tout va des passages bibliques, avec une aversion profonde pour notre très cher Noé... Les chapitres sont courts, donnant à la lecture un rythme, qui pourra s'avérer soutenu pour ceux qui seront pris par l'histoire de ces trois compères, rois de l'arnaque en recherche active de couronnes sonnantes et trébuchantes pour leur plus grand bonheur, mais pas que !

    Il y a plus fort que donner, c'est recevoir...

     

    Alors, comme toujours quand cela m'arrive de « passer à côté » d'une lecture, je repense à tous ces livres que j'encense, prête et qui me reviennent avec « un bof ! » lapidaire pour mon petit cœur littéraire qui en prend un coup, et je relativise en bénissant le Créateur (à gauche et à droite) de ne pas nous avoir tous fait sur le même moule. Car, disons le franchement, quelle tristesse ce serait : plus de débats possibles, plus d'échanges, plus de nuits blanches à essayer de défendre ses petits rectangles de papier froissé érigés en trésors sur l'autel de nos coups de coeur !

     

    Alors je me dis que ce livre en ravira d'autres et que c'est tant mieux pour lui...

    ¤ ¤ ¤

    (Le comte) "avait reçu son surnom des années auparavant en raison de l'élégante façon avec laquelle il menaçait les clients réfractaires. Il prononçait des phrases du style : "J'apprécierais énormément que M. Hansson daigne régler ses comptes dans un délai de vingt-quatre heures, auquel cas je promets de ne pas le découper en mille morceaux." Hansson, ou quel que fut le nom du client, payait alors sans plus rechigner. Personne ne voulait être découpé en morceaux, peu importe leur nombre. Deux, c'était déjà un de trop."

     

    "La citation n'était pas tout à fait fidèle, mais quand les gens sont incapables de s'exprimer avec des mots qui feraient de bons gros titres, les journalistes n'ont d'autre choix que d'écrire ce que l'interviewé a voulu dire au lieu de ce qu'il a dit. C'est ce qu'on appelle le journalisme créatif."

    ¤ ¤ ¤

    L'assassin qui rêvait d'une place au paradis - Jonas Jonasson -

    4ième de couv

     

    Li-ber-té ! Après trente ans de prison, Johann Andersson, plus connu sous le nom de Dédé le Meurtrier, est enfin libre. Mais ses vieux démons le rattrapent vite : il s'associe à Per Persson (réceptionniste sans domicile fixe) et à Johanna Kjellander (pasteure défroquée) pour monter une agence de punitions corporelles. Des criminels ont besoin d'un homme de main ? Dédé accourt ! Moyennant une large commission. Alors, le jour où il découvre la Bible et renonce à la violence, mettant en péril la viabilité de l'entreprise, Per et Johanna décident de prendre les choses en main. Game over Dédé !

     

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  • Kinderzimmer - Valentine Goby -"Est-ce que l'enfant étouffe sous le béton du ventre ? Est-ce que ça le brise comme ça fracasse les reins ?"

    "trois heures ou toute la vie, toute la vie c'est peut être moins que ça."

    "Partir. Maintenant. Comme ça. Être libre. Libre de quoi."

    "silencieuses et perdues à cause de ce mot, frei, libres, elles en ont rêvé et maintenant qu'en faire ?"

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