• Un plan lecture - Hélène Gerster -

    "Certains poètes ont fini au goulag pour avoir composé un vers de trop, pour s'être laissés aller un jour ou une heure, au mauvais moment.
    (...)
    Autour de lui, un tas de chefs minces de cou
    Les sous-hommes zélés dont il joue et se joue,
    Tel siffle, tel miaule, geint ou ronchonne,
    Lui seul frappe du poing, tutoie et tonne,
    En forgeant, tels des fers à cheval, ses décrets -
    En plein front et dans l’œil, au ventre, où ça lui plaît !
    (...)
    Les plus chanceux avaient une femme, un ami ou un amant qui avalaient leurs vers pour ne pas les laisser se perdre."

    ¤ ¤ ¤

     

    Vers d'Ossip Mandelstam, extraits de son Épigramme contre Staline. Il mourut sur le chemin qui le conduisait au goulag, de faim et de froid. Pour 16 vers qui composaient "Le montagnard du Kremlin". Les voici :


    "Nous vivons sourds à la terre sous nos pieds,
    À dix pas personne ne discerne nos paroles.
    On entend seulement le montagnard du Kremlin,
    Le bourreau et l'assassin de moujiks.
    Ses doigts sont gras comme des vers,
    Des mots de plomb tombent de ses lèvres.
    Sa moustache de cafard nargue,
    Et la peau de ses bottes luit.

    Autour, une cohue de chefs aux cous de poulet,
    Les sous-hommes zélés dont il joue.
    Ils hennissent, miaulent, gémissent,
    Lui seul tempête et désigne.
    Comme des fers à cheval, il forge ses décrets,
    Qu'il jette à la tête, à l'?il, à l'aine.
    Chaque mise à mort est une fête,
    Et vaste est l'appétit de l'Ossète."

    ¤¤ ¤

     

    Épigramme contre Staline, lu par Gilles-Claude Thériault :

     

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