• Ce livre et cette auteure sont à la hauteur de toutes les louanges qu'on peut leur faire. Il m'en aura fallu du temps pour le lire ! Et pourtant, ce n'est pas faute de l'avoir eu entre les mains ! Entre sa sortie et le Noël dernier, je l'ai acheté 4 fois et, à chaque fois, il a fait le bonheur de lecteurs exigeants (ado et adultes). Excusez du peu... J'ai d'ailleurs récidivé avec le tome 2 (on ne change pas une équipe qui gagne).

    Que dire de plus donc que ce qui a déjà été dit ? Que je me suis crue dans un film d'Hayao Miyazaki, que Christelle Dabos est une conteuse hors pair et que les personnages sont brossés à merveille. Ophélie est d'une justesse : d'une timidité récurrente au début, elle évolue vers un personnage complexe et qui s'adapte au fur et à mesure à son nouvel univers, ni miraculeusement trop bien, ni de façon irréaliste. Thorn campe admirablement son rôle de futur mari antipathique et méchant patenté. Pour ceux qui seraient tentés de penser qu'il s'agit là d'une récupération de stéréotypes qui ont fait la gloire de certaines sagas littéraires du genre, je vous arrête tout de suite : Christelle Dabos ne s'y laisse pas prendre !
    L'univers qu'elle créée est bien à elle, et nous ravit du début à la fin ! Et en plus, son récit ne manque pas d'humour !
    Que demandez de plus ? Lire la suite !!

    ¤ ¤ ¤

    La passe miroir, tome 1 - Christelle Dabos -

    4ième de couv

     

    Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l'arche d'Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d'un complot mortel. Une héroïne inoubliable, un univers riche et foisonnant, une intrigue implacable. Découvrez le premier livre d'une grande saga fantastique et le talent d'un nouvel auteur à l'imaginaire saisissant.

     

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  • Chorégraphe : Talia Favia
    Danseurs : Courtney Schwartz  - Chaz Buzan
    Musique :  - James Bay

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  • "On proclame officiellement que nous sommes tous égaux depuis 1789 mais dans les faits, ce n’est pas ainsi que nous vivons. Ce n’est pas ainsi que nous pensons. Ce n’est pas ainsi que nous nous organisons puisque nous persévérons à laisser quelques individus se consacrer jour après jour, heure après heure, à mépriser ce principe universel pour concentrer la richesse et le pouvoir entre leurs mains.
    Nous supportons cette situation, car nous nous sommes habitués à l’écart entre le discours et le réel. Nous supportons cette situation car nous sommes rassurés d’être plus que ceux qui, bien que nos égaux dans le discours, sont moins que nous dans le réel.
    Ou alors, nous décidons de ne plus supporter cet écart entre le discours et le réel ; nous décidons de ne plus supporter ce non-respect de l’écart entre le rien et l’être ; nous déclarons que ce qui est proclamé officiellement ne tiendra jamais lieu de réel ; nous déclarons que jour après jour nous nous consacrerons à réduire l’écart entre le discours et le réel."

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  • "J’aimerais pouvoir te dire quel genre de guerre je mène, Papa, mais je ne sais pas, je ne sais vraiment pas, et te mentir dans ce journal serait comme me mentir à moi-même – et que nous resterait-il alors ? Nous utilisons des drones sans pilote pour combattre une bande de paysans illettrés armés de fusils à verrou, et cela laisse un certain goût dans la bouche qui est bien loin de la gloire des campagnes d’Alexandre, si tu vois ce que je veux dire. Ou même de Napoléon, d’ailleurs."

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  • Cette Antigone est une pure merveille !
    Si l'on devait le résumer, ce pourrait être cela :
    « Afghanistan. Province de Kandahar. Un drone américain a décimé les habitants d'un village. Les survivants prennent les armes et attaquent en représailles la base militaire américaine. Bilan : tous les attaquants sont morts. Quelques soldats également. Tous les survivants sont épuisés, atteints, blessés, à bout.
    Ils voient s'approcher du périmètre de sécurité de la base, une forme humaine dissimulée sous une burqa, se déplaçant cahin caha dans une charrette, à la force de ses bras. Cet être humain mutilé, qui se traine sur ses moignons, c'est Nizam, la soeur du chef des attaquants, qui vient réclamer le corps de son frère pour l'enterrer dignement, selon les rites musulmans.
    Les soldats américains sont persuadés qu'il s'agit d'un terroriste : homme dissimulé sous une burqa ou femme déterminée à mener une attaque suicide ? Que vont-ils faire d'elle, de sa supplique et de la dépouille de son frère qui pourrit à la chaleur du désert ? »

    Si l'on devait le résumer, ce pourrait être aussi cela :
    «Etats-Unis. Ville de New York. Joydeep Roy-Bhattacharya, écrivain américain d'origine indienne entreprend la ré-écriture du mythe d'Antigone. Il est Nizam mutilée sous la burqa, dans la poussière du sable brûlant sur la terre craquelée d'Afghanistan, récitant la janaza, face à face avec l'oeil au sang séché d'un visage défoncé. Il est le lieutenant Frobenius, jouant la guerre et la misère des tragédies antiques, crachant sang et sable dans les bras d'Emily. Il est Youssouf, ce frère chéri, pourrissant et empestant l'air chaud de son pays. Il est toubib sous les balles sifflantes, tirant par les épaules le soldat au corps explosé de balles. Il est interprète engagé volontaire pour servir les libérateurs de son pays. Il est soldat, le bras tatoué, pour ne pas oublié : 09/11, perdant tous ses idéaux guerriers, devant la grandeur d'âme d'une Antigone afghane :


    « Ce ne sont pas les armées qui gagnent les guerres : ce sont les peuples. Les peuples ressentent des choses comme le sacrifice, la perte, la douleur. Les Pachtounes sont impliqués dans cette guerre en tant que peuple. Et cette fille sans jambe dans sa charrette fait partie de ça. Ils savent ce pour quoi ils se battent – ils se battent pour survivre, pour leurs maisons, pour leurs croyances. (…) mais nous, pour quoi on se bat ? »

    Pas de vérités données, et encore moins dictées, pas de condamnations ni jugements, mais ce sentiment d'absurdité face à la guerre, et la douloureuse prise de conscience de cette incommensurable incompréhension mutuelle qui enlise encore et toujours...

    Et cette beauté des mots dans la bouche d'une Antigone et entre les pages du journal du lieutenant, le Jour, la Nuit :


    "Des kilomètres au loin. J'ai vingt-quatre ans, mais j'ai tant vieilli. Mes yeux sont des trous dans lesquels la lumière ne pénètre plus."

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    Une Antigone à Kandahar - Joydeep Roy-Bhattacharya -

    4ième de couv

     Une base américaine de la province de Kandahar en Afghanistan. Au loin, on distingue la silhouette d’une femme enveloppée dans sa burqa. Elle est descendue de la montagne en fauteuil roulant, puisque ses jambes ont été arrachées. Elle vient réclamer le corps de son frère, un chef tribal pachtoun abattu lors d’une offensive lancée contre les Américains.
    L'état-major reste méfiant : s'agit-il d'une sœur endeuillée, d'une kamikaze, d'une envoyée des talibans, d'un terroriste travesti en femme ou d'une tentative de diversion?
    Sans jamais prendre parti, l'auteur donne la parole aux différents protagonistes – la jeune femme, l'interprète, le médecin, et plusieurs officiers ou soldats. Il nous permet ainsi de faire l’expérience d’un conflit cruel et absurde, en en révélant toute la complexité. Chaque personnage, quel que soit son camp, est non seulement doté d’une voix, mais également d’un visage, d’une personnalité qui lui est propre.
    Une Antigone à Kandahar revisite certains grands thèmes de la tragédie grecque tout en s’interrogeant sur les dommages collatéraux de la guerre, l'idéalisme, les valeurs occidentales. Magnifique et magistral.

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