• index
    – Je suis très étonnée, mon oncle ! Si c’était aussi inéluctable, aussi grave, les journaux ne parleraient que de ça !

    – Ils ne sont pas payés pour en parler, voilà tout ! Paye-les, ils en parleront. Paye-les à nouveau, ils se tairont. Ils ne sont pas là pour informer, les journaux, où te crois-tu ?

    Partager via Gmail Pin It

    votre commentaire
  • Couleurs de l'incendie - Pierre Lemaitre -Il y a des livres qu'on dévore comme de jolies noix de cajou bien dorées et salées à point : quand on commence à y gouter, c'est foutu ! On ne peut plus s'arrêter. Alors quelle impatience à l'idée qu'il va me falloir attendre que Pierre Lemaitre pose un point final à son histoire. Et quelle frustration également à l'idée qu'il en mette finalement un !

    Faudrait savoir ce que je veux ? Les deux votre honneur. Et ça, c'est irréalisable. Mais laissez-moi y croire quand même un peu...

    En attendant, vous dire à quel point j'avais peur d'être déçue par cette "suite", moi qui ai mis si longtemps à ouvrir Couleurs de l'incendie, la tête encore emplie du si beau film d'Albert Dupontel. D'ailleurs, il m'a poursuivit, ce film, tout au long de ma lecture. Le visage de Madeleine,  Dupré qui prenait rapidement les traits de Dupontel et cette si fantasque Solange pour qui je redoutais (et espérais en secret) qu'il nous découvre une actrice au physique de Castafiore avec une voix à faire trembler tous les murs, digne d'une Montserrat Caballé. Et je ne vous parlerai pas de Léonce et de l'extraordinaire Vladi... S'en emparera-t-il de cet incendie aux couleurs d'une époque dont les relents remontent à la surface de notre XXIième siècle, de plus en plus souvent, de plus en plus prenants ?

    Couleurs de l'incendie réunit tout ce que j'aime lire :
    - une histoire qui tient la route et redouble d'intérêt au fur et à mesure qu'on tourne les pages ;
    - une galerie de personnages phénoménaux, pas seulement hauts en couleurs, certains sont tout en retenue et pudeur ;
    - un décor posé, sans longueurs et insistance, où l'on entre tout de suite et se pose ;
    - une prégnance de l'Histoire, qui donne une consistance et un éclairage fort à certaines scènes, pour ne citer que celle-ci :

    Le silence vint. La salle était muette. Solange ferma les yeux et se mit à chanter, a capella de nouveau, Meine Freiheit, meine Selle (Ma liberté, mon âme) de Lorentz Freudiger, pièce qui devait être noyée dans le programme, mais dont elle faisait la véritable ouverture de son récital.
    Solange chantait Ich wurde mit dir geboren (je suis née avec toi) les yeux fermés.
    Une minute s'écoula puis le chancelier se leva, tout le monde se leva, Solange chantait toujours Ich will mit dir sterben (Je mourrai avec toi).
    Paul pleurait d'émotion dans la coulisse, les officiels quittèrent les loges, aussitôt tout le monde fit mouvement.
    Solange chantait encore Morgen werden wir zusammen sterben (Demain, nous mourrons ensemble).
    La salle se vida, les musiciens se levèrent, fracas d'instruments, la voix de Solange fut couverte par les cris, les huées... Il ne resta qu'une trentaine de personnes éparses dans la salle. Qui étaient-elles, on ne le sut jamais. Elles étaient debout et applaudissaient. Alors le théâtre plongea dans le noir absolu et retentit un rire immense, celui de Solange Gallinato, un rire qui était encore de la musique.

    Un livre qui est encore une réussite. Et dont au final, je ne vous dis pas grand chose. Juste vous faire partager ce que j'en ai pensé et vous donner l'envie de l'ouvrir. Le reste ne m'appartient plus...

    ¤ ¤ ¤
    4ième de couv :

    Février 1927. Le Tout-Paris assiste aux obsèques de Marcel Péricourt. Sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l'empire financier dont elle est l'héritière, mais le destin en décide autrement. Son fils, Paul, d'un geste inattendu et tragique, va placer Madeleine sur le chemin de la ruine et du déclassement.
    Face à l'adversité des hommes, à la cupidité de son époque, à la corruption de son milieu et à l'ambition de son entourage, Madeleine devra déployer des trésors d'intelligence, d'énergie mais aussi de machiavélisme pour survivre et reconstruire sa vie. Tâche d'autant plus difficile dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l'incendie qui va ravager l'Europe.

    Couleurs de l'incendie est le deuxième volet de la trilogie inaugurée avec Au revoir là-haut, prix Goncourt 2013, où l'on retrouve l'extraordinaire talent de Pierre Lemaitre.

    Partager via Gmail Pin It

    votre commentaire
  •  

    indexDupré se sentait un peu piégé. Il avait voulu rendre service à un garçon qu’il trouvait sympathique et très malin et il se retrouvait participer à une création d’entreprise. S’il n’y mettait pas le holà, il allait finir chef du personnel dans une usine familiale, ça n’était pas pour cela qu’il avait quitté le Parti communiste.

    Partager via Gmail Pin It

    votre commentaire
  • 41QYTZYGdeL._SX210_Mon père est mort dans mes bras, vingt minutes après le début de la nuit de l’Avent, debout, comme un chêne foudroyé qui, frappé par le destin, l’aurait accepté, mais tout en refusant de tomber. Je l’ai pris dans mes bras, déraciné de la terre qu’il avait soudainement quittée, porté comme Enée porta son père en quittant Troie. Ensuite, je l’ai assis le long d’un mur, puis, quand il fut clair qu’il ne reviendrait pas, je l’ai allongé de toute sa longueur sur le sol, comme pour l’aliter dans le néant qu’il semble avoir rejoint sans s’en apercevoir.

    Partager via Gmail Pin It

    votre commentaire
  • indexLe pays d’abondance est enveloppé de brouillard. Alors que nous devrions nous assigner pour tâche d’investir de sens cette existence riche, sûre et saine, nous avons enterré l’utopie. Il n’y a pas de nouveau rêve pour la remplacer, parce que nous ne pouvons imaginer de monde meilleur que le nôtre. En fait, dans les pays aisés, la plupart des gens croient que la vie de leurs enfants sera plus difficile que la leur.
    Mais la véritable crise de notre temps, de ma génération, n’est pas que nous n’avons pas la vie facile ou qu’elle risque de devenir plus dure.
    Non, la véritable crise, c’est que nous n’avons rien de mieux à proposer.

    Partager via Gmail Pin It

    votre commentaire