• La Seine est couverte d'une infinité de bateaux ennemis, coque contre coque. Sept cents embarcations progressent sans hâte, grande voile rectangulaire accrochée au mât, figures de la mythologie scandinave sculptées sur la proue relevée en pointe... C'est comme une forêt de bisons, de béliers, de rapaces et de chimères rehaussés de couleurs criardes qui avance sans bruit. On ne distingue plus l'eau du fleuve, elle est entièrement dissimulée par l'escadre, long ruban souple qui s'enroule dans les méandres, s'étire dans les chenaux et s'allonge jusqu'à Paris.

    Châtelet-lès Halles

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  • Je suis devenu celui que j’avais si peur de devenir. Un sceptique. Un agnostique – même pas assez croyant pour être athée. Un homme qui pense que le contraire de la vérité n’est pas le mensonge mais la certitude.

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    Interview à la carte, Emmanuel Carrère :

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  • Le succès du premier livre m'a pris au dépourvu et m'a fait faire une sorte de dépression. Je ne savais pas comment passer les portes d'Auschwitz - je me sentais incapable d'avancer dans le second volume, pourtant j'avais déjà dessiné le premier chapitre, "Mauschwitz", avant la sortie de Maus I - ce qui m'a conduit à aller voir Pavel. Je pense que le choc d'être célébré, récompensé pour avoir décrit tant de morts, m'a donné le vertige...

    Je me suis retrouvé avec l'envie de m'enterrer dans un trou de souris et de disparaître. C'est un désir très naturel : détourner le regard. C'est ce qui fait que les gens ne veulent rien lire sur l'Afrique ; c'est ce qui fait que les gens ont regardé la couverture de Maus en disant : "Berk ! Il y a une croix gammée dessus ! Je veux pas le lire ! " C'est ce qu'évoque Pavel, dans un contexte tout autre, en disant que la vie est du côté de la vie. On détourne les yeux quand on passe devant un cimetière.

    MétaMaus - Art Spiegelman - 2/2

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  • MétaMaus - Art Spiegelman -Dans le monde d'avant les ordinateurs je me suis vu réécrire chaque phrase peut-être vingt fois. Tout ce qui figurait dans les bulles ressemblait parfois à de la poésie concrète quand j'avais fini de réduire le langage sur une feuille de papier. Comme chaque millimètre comptait, je ne pouvais pas reproduire mot pour mot la langue de Vladek. Je me trouvais à essayer de reformuler quelque chose tout en gardant la cadence hachée de sa langue, mais en plus court. Donc par exemple j'utilisais go au lieu de walk pour gagner deux caractères. Je suis navré pour mes traducteurs de Maus, car souvent mes décisions ne peuvent être rendues dans une autre langue.

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  • Quand on nait dans une famille où il y a beaucoup de contraintes, la lecture offre cette multiplication des possibilités, elle est si fondamentale que parfois elle vous sauve la vie. (...) Écrire en revanche ne vous inscrit pas vraiment dans la vie sociale. (...)
    Parfois je me demande encore pourquoi j'ai choisi d'écrire des livres. Et je n'ai pas d'autres explications que le fait que c'était quelque chose qui me permettait de vivre quand j'étais gamine.

     

    Mes Dimanches avec... Véronique Ovaldé :

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