• Je naviguais seul, m'aventurant sur des eaux hostiles et étrangères à chaque page que j'écrivais. Pourtant, je ne cessais d'écrire, luttant contre les moments où je me retrouvais attaqué par le crime impardonnable de la divulgation absolue. La culpabilité. A chaque fois que je me surprenais à censurer l'écrivain qui était en moi, j'écrivais quand même. Finalement, cela devint le credo de toute ma vie d'écrivain - si je craignais de coucher quelque chose sur le papier, une voix me hurlait de l'intérieur de commencer à l'écrire et de ne rien omettre.

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  • Je découvrais le goût de la vérité et il coulait comme du miel sur ma langue. Je pouvais changer ma vie d'homme rien qu'en arrêtant de prétendre que je venais d'une famille américaine comme les autres et en me donnant la permission de haïr mon père avec tout le mépris que j'étais capable de ramener à la surface. Si je voulais être sincère en tant qu'auteur, il fallait que j'expose cette haine en plein soleil. Je me devais à moi-même de faire savoir à mon père à quel point je haïssais chaque cellule du corps qui avait donné la vie au mien.

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  • La mort de Santini : L'histoire d'un père et de son fils - Pat Conroy -J’ai fini hier soir ce si beau livre. Très émue après l’avoir refermé, par l’éloge funèbre de Pat Conroy, pour son père martyrisant, égoïste à l’extrême, enfin, un père comme personne ne souhaiterait en avoir et que tout fils – ou fille – sensé fuirait comme la peste et laisserait à ses turpitudes, dès son indépendance gagnée. Mais pas Pat Conroy !

     Le récit qu’il fait de son enfance, sacrifiée, de ses relations familiales et de tous les excès de violence de son si célèbre père – Colonel des marines, aviateur multi-décoré, héros de trois guerres qui ont secouées l’Amérique – est captivant.

    Je ne pouvais pas supporter l'idée d'avoir écrit un roman de cinq cents pages seulement parce que j'avais besoin d'aimer mon père. Il ne m'était jamais venu à l'esprit que j'étais né avec un besoin d'aimer mon père. Que mon père puisse un jour faire en sorte de m'aimer me paraissait le fantasme le plus fou.

    Et pourtant… Je suis restée bien souvent interloquée, incrédule, devant sa capacité à « pardonner », a toujours aimé ce père qui a mené à la dépression – voire à la folie – la majorité de ses enfants.
    Je ne sais si c’est par faiblesse ou par grandeur d’âme qu’il ne rejette pas son géniteur. Sans doute, faut-il l’avoir vécu pour savoir quelle serait notre réaction : fuite et rejet, à l’image de Carol Anne, la sœur poète de Pat, qui « crache » tout ce qu’elle peut,
    au point d’en devenir folle, sur cette famille toxique et ses bourreaux – père et mère confondus, sans oublier Pat, fidèle défenseur d’une mère qu’elle exècre – , suicide comme Tom le dernier de la fratrie ou pardon et réconciliation comme le reste des sept enfants ? 

    La mort de Santini : L'histoire d'un père et de son fils - Pat Conroy -Je n’ai pu m’empêcher de me poser cette question, mais cela n’enlève rien – au contraire – à l’intérêt et à la découverte de ce livre et de cet auteur. C’est un récit personnel  – l’histoire aurait été tout autre racontée par Carol Ann, notamment quant à la figure maternelle, que Pat met sur un piédestal, là où on devine que la réalité était bien souvent tout autre… Mais ce n'est pas seulement cela : l’auteur nous donne une vision forte et juste « du sud », de la ségrégation et des combats menés pour en sortir, de ce racisme et de cette violence latente qui explique pour beaucoup les traits de caractère de ses parents, même si cela n’excuse rien.

    Nous nous étions retrouvées au sein d'une famille dans laquelle personne ne nous avait montré comment aimer. Pour nous, l'amour était un cercle et un labyrinthe dont tous les passages et les culs-de-sacs étaient gardés par des monstres, créés par nous mêmes.

    J’ai aimé aussi, suivre au fil du récit, l’écriture et la sortie des livres de Pat Conroy, découvert avec ce livre, l’impact sur sa famille, sa ville et cet incroyable revirement que fut le tournage du film « Le Grand Santini » !

    Est-ce là un des nombreux pouvoirs de la création artistique, de l’art ?

    La mort de Santini : L'histoire d'un père et de son fils - Pat Conroy -

    En tout cas, ce fut un beau moment passé en compagnie de cette famille plus que déjantée et une belle découverte littéraire que je poursuivrai avec « le prince des marées » qui va venir grossir ma PAL.

    Un grand merci à Babelio et aux éditions du Nouveau Pont pour l’envoi de ce livre.

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  • Scintillation - John Burnside -

    J'ai l'air triste à présent, je le sens, je sens de quelle façon il perçoit mon air, et il est triste, sans doute effrayé, l'air de quelqu'un qui s'embarque dans ce qui semble une grande aventure et, soudain, prend peur. Comme un gamin qui monte pour la première fois dans les montagnes russes et se rend compte, trop tard, qu'il a le vertige. Mais ce qu'il y a de curieux, c'est que je ne suis pas triste du tout, je n'ai pas peur, je suis simplement retombé trop brutalement dans le cours du temps, au sortir de la fixité magnifique d'avant. Je suis revenu trop brusquement et, pendant quelques secondes, je suis tellement déçu que j'ai envie de pleurer.

     

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  • Randall - Si vous avez honte de ce qu'il a peint, c'est pas de chance. Acceptez cette honte. Cela pourrait bien faire de vous une meilleure personne. Certainement, dans cent ans, quand ces tableaux seront accrochés au mur de ce qu'on appellera des maisons dans ce qui restera de ce putain de monde, et que nous serons tous, si Dieu le veut, devenus poussière, alors personne ne pensera le moindre mal de vous sous prétexte que vous figurez dessus. Dans le grand dessein universel, être une note de bas de page de cette histoire-là est plus que ce que nous méritons.

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