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La Horde du Contrevent - Alain Damasio -
Quand elle passe, tu ne penses plus. Tu oublies ce que tu voulais faire, rêvais d’être, croyais pouvoir. Le corps seul répond. Et il répond ce qu’il peut. Il défèque, il se pisse dessus. Il se mange la bouche avec les dents, comme une viande. Il brûle ses tendons à crisper la sangle devant. Il bave. Après ? Après chacun dit ce qu’il veut, il raconte, elle étire, il introduit des mots, il fend ce qui n’est qu’un roc de peur brute… Ce que je pourrais moi vous dire – à vous, tas d’abrités blottis dans vos cages de pierre quand vous nous interrogerez du beau milieu de vos villages, là demain ou dans six jours – je vous vois déjà, les rescapés des puits confortables, des burons lissés à l’enduit, avec vos joues mûries de fin de soirée, oui, au soleil rougeaud qui brille dans vos verres transparents, à attendre qu’on vous dise, qu’on vernisse la blocaille de l’exploit, c’est que sous furvent… Mais n’en parlons plus. Sous furvent, il n’y a rien à dire. Juste survivre quand ça vient cogner à la porte du front – parce que ça n’enveloppe plus ni ne « submerge » ou autres mièvreries : ça frappe, à coups de Merlin, dans les fissures des os. Juste tenir – la nuque arquée – qui casse vers l’arrière – sous le choc. Tenir, voilà.
The Windwalkers Project :
Tags : La horde du Contrevent, Alain Damasio, Fantasy, SF
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Commentaires
C'est un roman qui est dans ma PAL. Ta citation me rend curieuse de le découvrir.
Je l'ai commencé il y a peu et j'attends mes vacances avec impatience pour pouvoir m'y plonger sans retenue. C'est tout un univers, ce livre, et il est en train de m'embarquer avec lui !
Jette-toi au vent !