• Les choryphèles de l'Empereur - Eric Lysoe - J'adore ma liseuse. Mais en tenant entre mes mains Les choryphèles de l'Empereur d'Eric Lysoe, sa couverture soignée et colorée, ces pages imprimées parchemin et les superbes illustrations d'Eban, je mesure la distance qui la sépare du livre... 

    Anthelme, apprenti verrier, suit son Maître Barthelemy, sur la route qui mène au monastère où ils sont attendus tout deux pour remplacer la rosace de l'église. Sur le chemin, Barthelemy trouve une mystérieuse bille de métal aux reflets de verre. Il l'identifie tout de suite comme un objet précieux et magique, un choryphèle de l'Empereur. Au grand dam d'Anthelme qui souhaiterait plutôt le jeter au feu, son maître décide de le garder afin d'en percer les mystères. A ses risques et périls... 

    On est d'emblée projeté dans le récit, avec des personnages attachants et particuliers et un décor bien planté. Le monastère, ses moines et ses règles de vie n'ont rien d'angélique, car Ici, on se prépare autant à la guerre qu'on veut bien prier pour la paix, éternelle ou non.

    Eric Lysoe installe son univers et fait monter, par petites touches, une certaine forme d'angoisse ou tout du moins d'étrangeté qui nous tient sur nos gardes tout au long du récit : Pourquoi autant de borgnes croisés dans ce village ? Chose curieuse, il s'agit toujours du même oeil. Et que dire de ce palefrenier à la main de verre ?

    Cette main était une véritable oeuvre d'art. D'un art néanmoins fort éloigné du nôtre.

    Sortilège ou hasard ? De la Magie, ça c'est sûr, mais blanche ou noire ? 

    J'ai beaucoup aimé les passages où l'auteur nous initie au travail du verre, à la création et la pose des vitraux ; cela n'alourdit en aucun cas le récit et donne du corps et de l'intérêt à l'histoire.

    En bref, un très bon livre pour lequel je remercie Babelio et les éditions Le verger des Hespérides, que je découvre avec plaisir. Un catalogue à suivre pour une édition jeunesse accessible à tous, sans limite d'âge...

    La fin suggère une suite à venir. Espérons-la ! 

    ¤ ¤ ¤
    4ème de couv : 

    Anthelme est un jeune apprenti qui veut devenir artiste verrier. Avec son maître Barthelemy, ils sont en route pour restaurer la rosace de léglise dun monastère. Après la découverte dun mystérieux choryphèle sur le chemin, le comportement du maître dAnthelme devient étrange. Quel est le secret que cherche à cacher Maître Barthelemy ? Comment expliquer les phénomènes singuliers qui ont lieu dans la région ?

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  • La forêt des araignées tristes - Colin Heine - Voilà un livre plein de promesses, que j'ai apprécié même si j'aurai souhaité une autre fin (je vous laisse découvrir). C'est le premier roman de Colin Heine. L'auteur développe dans ce livre beaucoup de thèmes (une ambiance steampunk qui tient la route, des personnages bien ciselés et hauts en couleur auxquels on s'attache rapidement, des machines et des gargouilles fantastiques, des conflits socio-politiques bien rendus que n'envierait pas notre monde moderne...). Certes, on se perd parfois un peu dans la profusion de tout ce que l'auteur souhaite développer, mais ce serait vraiment dommage de s'arrêter à cela, car il développe un univers bien à lui avec un style agréable. Comme une araignée tissant sa toile autour de nous, Colin Heine nous happe rapidement pour nous emmener dans un monde où la vape, ce mystérieux brouillard, menace sans cesse d'engloutir la ville et ses habitants...

    Bastien est un aristocrate déconnecté des enjeux et des difficultés de la vie, qui passe l'essentiel de son temps à collecter et étudier les créatures naissant de la vape, que lui ramène Ernest, explorateur et aventurier, lors de ses expéditions. Sa vie va prendre un tournant radical, lorsqu'il va enquêter sur un accident qui a bien failli lui coûter la vie. Un peu naïf et assez désarmé face au monde qu'il va découvrir, il lui faudra compter sur l'aide d'Agathe, sa gouvernante au caractère bien trempé pour arriver à sortir vivant de cette aventure. 

     J'ai beaucoup apprécié la révolte des ouvriers, la répression qui  en découle et la fuite d'Angela, qui va venir se greffer au petit groupe que constitue Bastien, Agathe et Ernest. Cette différence entre le monde du haut et celui du bas booste le récit : 

    Le lac, c'est sale et c'est tout noir, hein ? ça pue la vase et le poisson pourri ! On y jette ses ordures et on n'y pense plus ! Eh ben sachez une bonne chose, monseigneur de Corville : le lac, c'est aussi la vie de dizaines de milliers de crève-la-faim ! On y trouve des mendiants, des gavroches et des pulmonaires en fin de tout, mais tous ces gens y vivent ! C'est leur quotidien ! Qu'ils s'aventurent un peu trop haut sur les piliers, et ces messieurs de la police auront tôt fait de les renvoyer à leur cloaque. Alors qu'on me dise pas qu'il y a personne en bas. Il y a une vie sale, grouillante, dépérissante et qui se cramponne comme elle peut à l'existence, mais une vie quand même. Alors on va compter sur elle et ne pas se dire que ces pauvres gens ne servent à rien. Pour une fois qu'il se passe quelque chose près de leur misère, peut-être que quelqu'un aura un truc à dire !

    Un premier roman et un auteur que j'ai eu plaisir à découvrir grâce à Babelio et aux éditions ActuSF. A noter : la superbe illustration de Dogan Oztel !

    ¤ ¤ ¤
    4ème de couv :

    Bastien est paléontologue : sa spécialité ? Étudier les créatures étranges qui naissent de la vape, ce mystérieux brouillard aux propriétés énergétiques extraordinaires qui a recouvert le monde et menace de l'engloutir un peu plus chaque jour. Tour à tour victime d'un dramatique accident en apparence banal duquel il réchappe de justesse et témoin d'un attentat, où sa survie ne tient à nouveau qu'à un fil, il voit son destin basculer.
    Le voilà pris dans l'engrenage d'une affaire d'espionnage d'envergure internationale, sous les feux croisés d'une société secrète d'assassins, de brutes armées et d'une agence de détectives aux méthodes douteuses. Sans compter qu'une créature cauchemardesque, tout droit venue des Vaineterres, ces zones perdues dans un océan de vape, semble bien décidée à lui faire la peau...

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  • Faërie - J.R.R. Tolkien -Une belle lecture commune que cette faërie ! J'ai pris mon temps pour le lire ce livre. Je pense ne pas me tromper en disant que j'y ai consacré quelques semaines. J'avoue ne pas avoir accroché à la dernière partie sur les contes de fées. Ce n'est pas qu'elle ne m'a pas intéressée, mais j'avais l'envie de rester dans les aventures de dragons, de chevaliers et de trésors enfouis dans des grottes inaccessibles... enfin, loin de la théorie. Les yeux de nouveau emplis de mes rêves et des mondes merveilleux de mon enfance !Faërie - J.R.R. Tolkien -

    Je me dis, qu'il faudrait que je m'y replonge dans quelques temps, car c'est bien dommage d'être passée à côté. Il s'agit du grand Tolkien, tout de même ! Cela mérite de s'attarder et d'y retourner, la tête libérée de mes rêveries de gosse nostalgique...

    J'ai adoré Feuille, de Niggle. Si vous ne devez en lire qu'une, c'est cette histoire-ci ! Je me suis même payée le luxe de la lire une seconde fois : Quel bonheur ce Niggle ! Peintre du dimanche, comme on dit parfois, mais peintre fou de ses pinceaux, de ses dessins et mélanges, complètement investi et obnubilé par son projet : peindre une à une les feuilles, chacune dans sa spécificité, sa forme et sa couleur particulières. Oublier l'arbre, sans voir que feuille après feuille, il se construit : gigantesque et merveilleux ! Mais voilà ! Niggle doit, comme tout un chacun avant lui, "faire un long voyage" !

    Bientôt, la toile prit une telle dimension qu'il dut se procurer une échelle : et il montait et descendait pour ajouter une touche par-ci ou effacer une tache par-là. Si quelqu'un venait le voir, il se montrait assez poli, tout en tripotant un peu les crayons de son bureau. Il écoutait ce que les gens avaient à dire : mais, intérieurement, il ne cessait de penser à la grande toile abritée dans le haut hangar qu'il avait construit dans le jardin.

    Jusqu'au jour où on vint le chercher pour ce sacré voyage... 

    C'est un peu de mon âme d'enfant que j'ai retrouvée en lisant Faërie. j'aurai tant aimé avoir une petite tête brune ou blonde à qui lire ces trois histoires...

    Merci à toi, Ange, pour ce beau et merveilleux voyage.

    Et comme je n'ai ni perdu ce sentiment du merveilleux, ni la joie du bonheur qui va avec, j'ose conclure ainsi :

    On dirait qu'on est tous  amis et chercheurs d'or
    Et qu'on sait vaincre les dragons du dehors
    On dirait qu'on s'est tous libérés de nos chaînes
    Et qu'on est plus fort que les plus vieilles nos peines
    On dirait que nos vies ne partent plus en braises

    Et que les contes et les chasses aux trésors nous apaisent...

    ¤ ¤ ¤

    Faërie - J.R.R. Tolkien -

    4ième de couv :

    Aux frontières indécises des régions hantées par les " Hobbits ", non loin du pays imaginaire d'Alice, il existe un " Petit Royaume " de la vieille Angleterre où vivait un géant à barbe rousse nommé Gilles de Ham. " Ham n'était qu'un petit village, mais, en ces temps lointains, les villages étaient fiers et indépendants. " Ainsi commence le premier de ces trois récits horrifiants et sublimes (" Gilles de Ham ", " Smith de Grand Wootton " et " Feuille de Niggle ") qui entourent l'œuvre maîtresse de Tolkien. Avec la précision des poètes et le sérieux des historiens et des géographes, le célèbre professeur d'Oxford nous ouvre des mondes oubliés et immémoriaux et nous replonge au cœur de notre enfance. Tolkien est un magicien.

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  • La Horde du Contrevent -Alain Damasio -

    Entrer dans le Vent
    Comme dans un merdier hurlant
    Le vent dans la gueule
    Engluée dans sa pâte épaisse

    Contrer, Contrer, Contrer sans cesse.

     

    Le vif à fleur de peau, seule
    Sentir les chrones au dessus de sa tête
    Et partager ce rêve ténu, cette chimère
    Atteindre un beau jour le bout de la Terre.

     

    Ribambelle errante, encore unis pourtant
    Noués, noués par les tripes
    Horde après Horde
    Scribe après Scribe
    on commence à comprendre :
    La vie, c'est le combat, c'est le vent.

    J'étais à nouveau émerveillable.

     

    A quoi bon raconter ?
    Il n'y avait pas à discuter, juste à saluer. Et se taire.

    ¤ ¤ ¤

    La Horde du Contrevent -Alain Damasio -

    4ième de couv :

     Un groupe d'élite, formé dès l'enfance à faire face, part des confins d'une terre féroce, saignée de rafales, pour aller chercher l'origine du vent. Ils sont vingt-trois, un bloc, un nœud de courage : la Horde. Ils sont pilier, ailier, traceur, aéromètre et géomètre, feuleuse et sourcière, troubadour et scribe. Ils traversent leur monde debout, à pied, en quête d'un Extrême-Amont qui fuit devant eux comme un horizon fou.
    Expérience de lecture unique, La Horde du Contrevent est un livre-univers qui fond d'un même feu l'aventure et la poésie des parcours, le combat nu et la quête d'un sens profond du vivant qui unirait le mouvement et le lien. Chaque mot résonne, claque, fuse : Alain Damasio joue de sa plume comme d'un pinceau, d'une caméra ou d'une arme...
    Chef-d'œuvre porté par un bouche-à-oreille rare, le roman a été logiquement récompensé par le Grand Prix de l'Imaginaire.

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  • Un attentat se fomente dans les rues de la ville. Au nom de Dieu, des hommes vont mourir et la cité va être mise à sac. Paris au XXIe siècle ? Non. Marseille au XVIe. 1596 : La cité phocéenne conteste la légitimité du Roi de France et s’auto-proclame République indépendante. Marseille, la catholique face à Henri IV, le huguenot : le décor est posé, mais les cartes ne sont pas encore tirées.

     

    Elles sont toutes là, dans une même main dès le prologue, et ne demandent qu’à être abattues :

     

    - Gabriel : Chevalier de sang et de misère, j’ai choisi la vie en donnant la mort. Tant et tant. Que je n’aspire à plus rien d’autre. Ce sera la dernière. Victoire. J’ai beau regarder le ciel, droit devant, debout, la tête haute, j’ai un genou à terre...

    « Je vis en ermite depuis si longtemps que les mots m'ont déserté. »

     

    - Victoire : Je suis née au combat, brandie comme un étendard par une Patience à la volonté de fer. Le couteau à la ceinture et la Rapière à la main, je sais comment tailler les chairs. Tu ne bronches déjà plus devant la faible femme que je ne suis pas. Ça aide, le sang sur les mains pour attirer le respect. Je ne suis pas dupe, va ! Je sais. La Guilde attend toujours mon heure...

    «Nous ferions pourtant un si beau couple d'assassins tous les deux. »

     

    - Silas : Approche ! Et montre-moi de quoi tu es capable, Bourreau. Je te le rendrais au centuple. Tu crois mener la danse. Tu crois être passé maître dans l’art de manier la souffrance. Tes yeux jubilent. Profites-en bien. Tant qu’ils sont encore deux.

    « Fouette-moi autant que tu veux, aucune explication ne sortira de ma bouche. Les plaies se referment et les os se ressoudent, mais enlève-moi l'honneur et je ne vaudrais guère plus qu'un chien. »

     

    - Armand : Il nous faut fuir, Roland, et abandonner l’Artbon. Seras-tu assez fort pour résister à son appel ? Nous prendrons le chemin de Marseille. Puis nous embarquerons. Ils ne nous penseront pas assez fous pour faire ce choix-là. Et peu importe ce que nous ferons. Puisqu’il y aura toujours la mort au bout...

    « Il n'est jamais trop tard pour se tromper. »

     

    - Axelle : Je ne suis pas mère. Je règle mon pas sur le pas de mon père. L’espadon dans mes deux mains, à faire voler les têtes, j’apprends. J’apprends à maîtriser la colère. Gilles, penses-tu avoir fait taire en moi, la révolte et la haine ? La fortune et sa roue, le chariot dans les mains, je regarde l’Aube qui se réveille. Je ne suis pas ma mère...

    « La peur je l'ai avalée. Dans ma bouche, dans ma gorge, elle me tombe tout au fond du ventre, jamais digérée.»

     

    - Gabin : C’est la chanson du gamin qui a perdu son « aime », c’est la chanson que me fredonnait ma mère, du temps où j’en étais encore un. Je croque à pleines dents dans la pomme offerte par un mort et m’accroche à la roue de la fortune. Je sers les habitués, essuie les tables et disperse les poussières des routes. Je fais le pari de la vie et regarde l’espadon accroché au mur...

    « Une moitié d'homme en guenille ».

     

    Jean-Laurent del Socorro nous offre là un Royaume de vent et de colères qu’on peine à lâcher. La structure du livre atypique désarçonne au départ mais très vite, elle donne un tel rythme à la lecture, qu'on y adhère totalement. J’ai aussi beaucoup aimé le choix de la narration à la première personne, chaque personnage se succédant pour nous livrer « sa » vérité, son histoire. L’auteur est un roliste. Aucun doute à avoir sur cette affirmation, quand on voit avec quel soin il a travaillé ses perso : ils trimbalent tous leurs univers et ont une « vraie » présence et pourraient faire l’objet chacun d’un autre roman sans aucun problème. Et pas de demie mesure pour les personnages féminins : Chez del Socorro, point de gourdasses effarouchées, mais de vrais portraits de femmes, qui ne sont pas là pour distraire, faire joli ou tapisserie !

    Bon, vous l’aurez compris, j’ai complètement accroché à ce Royaume de vent et de colères, premier roman aux éditions Actusf, suivi d'une nouvelle et d'une interview de l'auteur qui permettent de prolonger la découverte. 

    Et dans le ciel de mes coups de cœur, elles scintillent encore :
    Cinq étoiles. Une par doigt.

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    Jean Laurent Del Socorro - Librairie Mollat :

     

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    4ième de couv :

    1596. Deux ans avant l'édit de Nantes qui met fin aux guerres de Religion, Marseille la catholique s'oppose à Henri IV, l'ancien protestant. Une rébellion, une indépendance que ne peut tolérer le roi. À La Roue de Fortune se croisent des passés que l'on cherche à fuir et des avenirs incertains : un chevalier usé et reconverti, une vieille femme qui dirige la guilde des assassins, un couple de magiciens amoureux et en fuite, et la patronne, ancienne mercenaire qui s'essaie à un métier sans arme.Les pions sont en place.Le mistral se lève.La pièce peut commencer. Placé entre l'Histoire et la fantasy, ce premier roman de Jean-Laurent Del Socorro est époustouflant de maîtrise et d'érudition.

    « Jean-Laurent Del Socorro ferre son lecteur et lui murmure à l'oreille : "voici pile l'histoire qui te manquait pour retrouver le goût de la littérature". » Ugo Bellagamba (préface)

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