• Randall - Jonathan Gibbs -

    Ce livre avait tout pour me plaire ! (oui, je sais, en règle générale, quand ça commence comme cela, c’est pas très bon…) Mais voilà, la magie Randall n’a pas opéré sur moi. Et pourtant il y avait là un thème que j’affectionne, l’art contemporain, une intrigue plutôt bien choisie : la découverte quelques années après la mort de Randall, artiste contemporain bankable, adulé autant que décrié, de tableaux à caractère pornographique mettant en scène (si, si, c’est le mot qui convient) toute une partie du gratin du monde de l’art (artistes, galeristes, acheteurs et spéculateurs de tout bord).

    Je me régalais déjà à l’ouverture de ce livre, d’autant plus que la lecture de citations bien choisies par Iris29 m’avaient d’ors et déjà séduite.

    Qu’est-ce que j’ai loupé ou qu’est-ce qui a bien pu faire que le charme, qui semble bien avoir eu raison de la grande majorité des lecteurs et lectrices de Randall, n’ait pas eu de prise sur moi ?

    D’abord, j’ai eu beaucoup de mal avec le style de Jonathan Gibbs. Je l’ai trouvé « froid » et je n’ai pas réussi à me laisser embarquer par la petite musique des mots qui est si importante pour moi.

    Ce qui m’a le plus intéressé, c’est toute la partie qui se déroule dans le présent : la découverte des tableaux, le don de ce manuscrit écrit par Vincent sensé délivrer une image, autre, nouvelle, plus réaliste, de Randall l’artiste, et cette grande question : que faire de ses peintures ? Les garder au secret, les détruire ou les diffuser au grand jour ?

    Par contre, toute la partie sur le passé, le pourquoi du comment Randall est devenu ce grand artiste, son parcours, les rencontres et les choix artistiques qui ont scellés son destin, m’ont lassée assez rapidement. Pas tant par le propos, mais par le style : trop impersonnel, trop descriptif, trop neutre… Est-ce le fait que l’auteur ait voulu ré-écrire l’histoire ? Comme le dit la 4ième de couv : « Que se serait-il passé si Damien Hirst n’avait jamais existé ? Si le jeune artiste britannique le plus célèbre et le plus influent des trente dernières années avait été quelqu’un d’autre ? Quelqu’un d’encore plus provocateur, plus scandaleux et de beaucoup, beaucoup plus drôle ? »

    Et cette question qui m’a taraudée tout du long du livre : « Pourquoi sont-ils si surpris de ces tableaux venant d’un artiste qui a fait de la provocation son fonds de commerce ? Et pourquoi tant de crainte et d’égards pour la réaction des VIP qui ont fait sûrement bien pire, devant ou hors caméras pour la plupart ? -Tout ce petit monde est peut-être un peu trop rentré dans le rang avec les années ? « Les bourgeois, c’est comme les cochons, plus cela devient vieux… » chantait Jacques Brel -

    Ce qui est le plus surprenant et touchant, en tout cas, à mon humble avis, c’est que cet artiste, qui a tant crié que la peinture était morte, qui a fait de l’art du « consommable-périssable », retourne aux pinceaux, aux huiles et essences, et se coltine de nouveau à la toile, prépare ses apprêts puis ses mélanges. Tout cela en secret, dans un atelier que n’aurait pas renié Francis Bacon, petits bouts de photographies et magazines, posés au bord des toiles, comme fils d’Ariane...

    "Une façon de travailler (…) par empâtement, comme d'autres produisent des tableaux photoréalistes. La façon de mettre une couleur sur une autre, du jaune sur du blanc, ou du blanc sur du marron, d'en forcer le mélange contre leur volonté, là sur la toile. Il se pencha, examinant le paysage de la peinture, ses contours et ses accumulations, ses petits pics barbouillés pour faire des glaciers. Il se passait un tas de choses à la surface."

     

    Tout compte fait, je suis plus déçue d’être passée à côté que déçue du livre en lui-même. Le propos est intéressant : les réflexions sur le monde de l’art, les subtilités de ce marché, les enjeux des expositions et de la création, non plus d’œuvres d’art au sens strict, mais d’événements à travers des installations éphémères et datées, et cette surenchère du « no limit »… vous accrocheront sûrement.

    Et ce cercle parfait...

    Mon intérêt est revenu intact les 40 dernières pages, et là, j’aurai voulu que l’histoire continue !

    Mais cela n’a pas suffit.

    ¤ ¤ ¤

    4ième de couv :

     

    Que se serait-il passé si Damien Hirst n’avait jamais existé ? Si le jeune artiste britannique le plus célèbre et le plus influent des trente dernières années avait été quelqu’un d’autre ? Quelqu’un d’encore plus provocateur, plus scandaleux et de beaucoup, beaucoup plus drôle ?
    C’est le scénario que met en scène Randall, formidable premier roman campé dans le Londres des années 1990, de la « Cool Britannia », et de l’émergence des « Young British Artists ».
    Randall retrace la trajectoire de son héros éponyme – un subversif et génial artiste contemporain –, depuis son diplôme d’école d’art jusqu’aux somptueuses soirées financées par de richissimes banquiers de la City. L’intrigue se noue autour de la découverte, par la veuve et le meilleur ami de Randall, des années après sa mort, d’une cache de dessins et peintures pornographiques qui compromettent l’ensemble des acteurs du monde de l’art et de la finance de l’époque. Que faire de ces brûlots estimés à des millions de dollars et qui révolutionneront sans aucun doute l’histoire de l’art contemporain ?
    Intrigant portrait d’artistes en devenir, histoire d’amour et d’amitié s’il en est, Randall propose une plongée dans un moment clé de l’histoire de l’art et relate avec humour et cruauté la folie financière contemporaine et l’explosion d’une société où ne fait plus sens que ce qui s’achète, et s’achète cher.

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 27 Mai 2016 à 22:12

    Oh mince, une lecture mitigée. Ça arrive...

      • Samedi 28 Mai 2016 à 08:54

        J'aurai tellement aimé l'aimer ce livre...

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