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Lettres à Anne (1962 - 1995) - François Mitterrand -
Mais ce matin Cocteau est mort. Personnage divers, multiple et incomplet il a marqué les débats de ma jeunesse. Je ne puis me retenir de transcrire ces vers de Plain-Chant, son chef-d’œuvre, tant j’ai la faiblesse d’espérer que vous aimerez ce que j’aime :
Rien ne m'effraie plus que la fausse
accalmie d'un visage qui dort ;
Ton rève est une Egypte et toi c'est la momie
Avec son masque d'or.
Où ton regard va-t-il sous cette riche empreinte
D'une reine qui meurt,
Lorsque la nuit d'amour t'a défaite et repeinte
Comme un noir embaumeur ?
Abandonne ô ma reine, ô mon canard sauvage,
Les siècles et les mers ;
Reviens flotter dessus, regagne ton visage
Qui s'enfonce à l'envers.Cher Cocteau dont le visage, à son tour, s’enfonce – mais à l’endroit – comme il convient à la mort et non plus à l’amour.
Tags : Lettres à Anne (1962 - 1995), François Mitterrand, Anne Pingeot
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