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L'Ange blanc - Niels Ackermann -
« Treize voyages entre avril 2012 et mai 2015, plus de quatre-vingts jours sur place, environ seize litres de vodka ingurgités, et une idée : « On ne peut plus montrer les photos de la catastrophe ou de la ville de Pripiat évacuée et abandonnée. (…) il faut passer à autre chose. »
Autre chose : ce sera Ioulia, Kiril, Jenia et les autres, tous enfants de Slavoutytch, travaillant pour beaucoup comme leurs parents avant eux, à la centrale. Tchernobyl est proche et si loin à la fois.
« Les printemps vont fleurir,
La terre oubliera la douleur. »Slavoutytch vit à son rythme et sa jeunesse également : Sexe, drug and rock and roll ! Mais l'Ange blanc de Niels Ackermann, ce n'est pas que cela. C'est surtout une fuite en avant, un compte à rebours enclenché contre le temps, qui ici, ne respecte pas les règles : l'atome ayant dicté sa loi.
Et pourtant, cette jeunesse-là n'est pas si différente de celle d'Europe, entre fous rires et déglingue, amour et amitié, espoir et non-illusion...
Peut être cet à-quoi-bonisme qui s'accroche à l'urgence de vivre ? Pour Quoi ? Pour Qui ?« C'est notre destin de vivre ici
Le ciel l'a voulu ainsi »Je voudrais vous parler de ce couple emmailloté dans la même serviette, tout juste sorti de l'eau du lac : siamois improvisés, perdus dans la contemplation du lieu, mais aussi de Ioulia, dansant, floue, les cheveux mangeant son visage et ces couleurs jaune-orangé, lumières artificielles.
J'aimerai ne pas oublier cette salle du souvenir (Liquidateurs ? Héros de la tragédie ?), contraste absolu avec celle du banquet des mariés.
Et ce baiser porté, femme brindille dont la légèreté saute aux yeux, si belle photo de couverture...
« Tu peux prendre toutes les photos que tu veux, tant que tu ne les montres pas à ma mère ».
J'en ai apprécié plus d'une, regardé longuement d'autres, certaines ont glissées rapidement sous mes yeux, mais toutes racontent une histoire : Les enfants de Slavoutytch plus fort que l'atom(b)e.
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4ième de couv :
La ville de Slavoutytch est la plus jeune d’Ukraine. Située à trente kilomètres de la centrale de Tchernobyl, elle a été construite par les autorités soviétiques immédiatement après la catastrophe de 1986, à la lisière de la zone contaminée, afin de loger les liquidateurs et le personnel affecté à l’entretien des réacteurs encore en activité. Conçue comme la ville idéale soviétique pour travailleurs de choc, Slavoutytch abrite 25’000 habitants.
Trente ans après l’accident, une nouvelle génération est née et a grandi à Slavoutytch, à l’ombre de la plus grande catastrophe nucléaire de l’Histoire. Niels Ackermann est parti à la rencontre des habitants, de cette jeunesse pleine de rêves et d’espoirs. Il rencontre Ioulia, une adolescente qui lui présente ses amis et lui montre les différentes facettes de la ville. Au fil des séjours du photographe, entre 2012 et 2015, Ioulia se transforme peu à peu en une jeune femme, qui perd ses rêves et se voit confrontée à la réalité.
Loin des discours catastrophistes ou misérabilistes, loin des clichés en noir et blanc, Niels Ackermann et le journaliste Gaetan Vannay montrent dans L’Ange blanc leur amour pour l’Ukraine, et toutes les interrogations sur la vie qui continue, dans cette région pas tout à fait comme les autres.
Niels Ackermann a reçu le Swiss Photo Award 2016 dans la catégorie Reportage et le Swiss Press Photo 2016 dans la catégorie Étranger pour son reportage à Slavoutytch.
Tags : L'Ange blanc, Niels Ackermann, Tchernobyl, Photos
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