• Elle & Elle - Marijosé et Fred Alie -

    Quand Elle & Elle devient Elle & Elles...

    Fred Alie - Fille - :

    "Petite, quand j'avais de la fièvre,
    je me blottissais dans tes bras, et je fermais les yeux.
    Je m'endormais paisible, je savais...
    Aujourd'hui c'est étrange, je ne dors plus ainsi.
    J'ai toujours comme cet œil ouvert à l'intérieur de moi.
    Il ne se ferme jamais, ne se repose jamais.
    Je le trimbale partout où je vais.
    Il m'emmène partout où il va...
    ça me fait sourire, parce que, parfois, je n'y vois plus très clair
    pour quelqu'un qui a un œil dans le corps.
    Y'a comme un souffle...
    Il observe ce monde-là, sans relâche.
    Je voudrais respirer mieux, mais avec cet œil, coincé, là, près du cœur...
    Tout cela résonne, et pourquoi je ne cesse d'y penser, je ne cesse...
    850 millions de personnes ont faim,
    Haïti ti payi et les autres,
    il y a la peur qui nous dévore les entrailles de l'intérieur,
    les trous dans l'âme, les vagues d'amour, les pépites d'or
    que l'on trouve par hasard sous une poignée de cailloux,
    et la peine..."

    Marijosé Alie -Mère - :

    "Je peux te murmurer qu'il faut tendre la main
    plus loin que le bras
    que tout au bout du geste il y a le désir
    et que l'ultime instant nous fait souffrir.
    Mais t'ai-je dit la colère de vieillir
    de ce corps qui s'en va sans que j'y puisse rien,
    rien qu'épier sa recomposition en cherchant un dessin ?
    T'ai-je dit les plis que l'on ne compte plus
    les cheveux qui un à un abandonnent la vie.
    Et la muse fragmentée qui joue les mémoires malades...
    T'ai-je dit qu'on en pleure de ne pas comprendre ?"

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