• Comme si j'étais seul - Marco Magini -

    Qu'il est difficile ce livre ! Difficile, car on aimerait lui échapper, pouvoir le garder à distance, mais rien n'y fait. L'estomac aux bords des lèvres, on essaie d'en sortir tant bien que mal, en vain. C'est une réalité qu'on n'a pas encore fait sienne, cette guerre en Yougoslavie. Trop proche de nous, dans le temps et l'espace, c'est un peu comme si on avait mis ce conflit dans un coffre, fermé à double tour, dans les méandres de notre mémoire. Comme pour oublier qu'on regardait tout cela, le cul bien au chaud dans nos canapés. 

    C'était compter sans Marco Magini qui nous plonge dans cette réalité à travers trois personnages : un magistrat de la cour pénale internationale devant juger un Serbe, soldat impliqué dans le massacre de Srebrenica, sachant que la communauté internationale a sciemment fermé les yeux. Et un casque bleu, qui se devait de rester neutre. Mais à quel prix ? 

    Le magistrat a devant les yeux un coupable ouvertement désigné. A quel moment comprend-il qu'il va participer à une mascarade ? Comment prononcer une sentence juste et justifiée, quand un seul soldat se trouve assis sur le banc, celui-là même qui eut le courage de parler, de s'assumer comme acteur de ces meurtres ?  

    J'ai et nous avons condamné un homme à la prison pour une faute qui n'est pas la sienne, pour avoir décidé d'agir comme nous aurions agi si nous avions été à sa place. Qui d'entre nous aurait risqué sa vie pour discuter les ordres reçus de l'autorité, si insensés soient-ils ?

    Des scènes vraiment difficiles, dont on ne peut s'échapper, à moins de fermer le livre et ne pas le rouvrir. Les camions se succèdent (hommes entassés / femmes et enfants entassés), les balles font un boucan d'enfer, et quand on croit que c'est fini, un autre, et encore un autre...

    Marco Magini écrit sans concession. Un livre dur, mais nécessaire. 

    ¤ ¤ ¤

    4ième de couv : 

    "A Srebrenica, la seule façon de rester innocent était de mourir". Drazen a vingt ans lorsque la guerre éclate en Yougoslavie. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il s'engage dans l'armée serbe. Piégé dans un engrenage qui le dépasse, il finira par prendre part au massacre de Srebrenica. Un an après les faits, alors qu'il est le seul soldat à plaider coupable, Drazen est jugé au Tribunal pénal international de La Haye. Comme en témoigne Dirk, un casque bleu néerlandais, l'ONU s'est pourtant refusée à intervenir lors de ce génocide qui aura coûté la vie à 8 000 civils. Quelle sentence Romeo González, magistrat en charge de l'affaire, peut-il prononcer ? Quelle part de responsabilité un seul homme peut-il assumer dans ce qui est encore aujourd'hui considéré comme le pire massacre perpétré en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ?

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