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Bréauté-Beuzeville, 2 minutes d'arrêt - Liza Helle -
Bréauté-Beuzeville : second arrêt et quelques personnes à la montée. Une femme vient s’installer à côté d’elle. Elle sort une petite trousse de maquillage, au tissus rouge matelassé, taché et légèrement délavé, ouvre une boîte de fards, déplie un petit miroir de sac et commence doucement à étaler la couleur sur ses paupières. Du coin de l’œil, Hazya s’attache à la main qui dessine les courbes et accroche la couleur bleue au dessus des prunelles. Malgré le mouvement de balancier du train, le geste est sûr. Un œil. Et puis l’autre. Un trait de crayon au ras des cils. Hazya se colle à la vitre, pour ne pas gêner le dessin rapide et précis de la main qui souligne. Et le mascara suit. Un pinceau sorti du sac à main, une boîte de poudre, Terracotta, Hazya en jurerai, et le pinceau caresse sa peau, une joue après l’autre, le front, la frange relevée de la main opposée, l’arête du nez et le menton et un léger coup de blush sur les pommettes. Le bâton de rouge à lèvres, ouvert d’un coup sec, caresse les lèvres qu’Hazya ne voit pas, mais qu’elle devine. Et cette odeur légèrement parfumée et sucrée qui monte doucement dans le creux de ses narines.
Étrange : se lever, déjeuner sans doute, s’habiller, s’engouffrer dans la voiture et se maquiller dans le train. Toujours quelques précieuses minutes de sommeil gagnées. “Elle doit être secrétaire. Peut être a-t'elle réveillé ses enfants pour qu’ils se préparent pour l’école, juste avant de venir à la gare, conduit son mari au boulot ou c’est lui qui l’a conduite au train, déposée sur le parking avant d’aller bosser à son tour. Elle doit avoir une quarantaine d’années, ni belle, ni moche. Une femme normale, quoi.” Elle se tourne vers Hazya et lui sourit. Un sourire fatigué, mais un sourire donné. Hazya lui sourit à son tour et se détourne, le nez à nouveau collé à la vitre, à regarder défiler la campagne et les champs à perte de vue. “Elle a les yeux bleus, elle n’aurait pas dû mettre un fard de la même couleur que ses yeux. Un brun doré, une couleur chaude pour relever l’éclat de son regard. J’aurai choisi cela, moi. Un brun doré, une couleur chaude pour réchauffer mes yeux.”
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