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Le parfum - Patrick Süskind -
Des milliers et des milliers d’odeurs formaient une bouillie invisible qui emplissait les profondes tranchées des rues et des ruelles et qui ne s’évaporait que rarement au-dessus des toits, et jamais au niveau du sol. Les gens qui vivaient là ne sentaient plus rien de particulier dans cette bouillie ; car enfin, elle émanait d’eux et les avait imprégnés sans cesse, c’était l’air qu’ils respiraient et dont ils vivaient, c’était comme un vêtement chaud qu’on a porté longtemps et dont on ne sent plus l’odeur ni le contact sur la peau. Mais Grenouille sentait tout comme la première fois. Il ne sentait pas seulement l’ensemble de ce mélange odorant, il le disséquait analytiquement en ses éléments et ses particules les plus subtils et les plus infimes. Son nez fin démêlait l’écheveau de ces vapeurs et de ces puanteurs et en tirait un par un les fils des odeurs fondamentales...
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