La nuit, j'ai le sentiment d'être plus libre, plus subversive. De m'aventurer dans des univers plus féconds. Le jour, je lis plus par utilité. Depuis mon enfance, le jour est le moment où je fais ce que je dois - aller à l'école, mes corvées de vaisselle et de lessive - et la nuit, celui où je fais ce que je veux. Sauf qu'il y a des périodes où j'ai dû y faire ce que je devais. Mais d'une façon générale, ce qui me permet de savoir que ma vie continue, c'est que le jour je fais ce qu'il est nécessaire de faire : la nuit, ce qui est essentiel. 

Comment peut-on exister sans écrire, songe-t-il ? Sans consigner inlassablement le mouvement de la vie ? Ecrire est au contraire la plus sûre façon de ne rien rater de la vie.

Pour beaucoup de commentateurs (et surtout de commentatrices), il s'agissait là d'un moment important : celui de la prise de conscience, à l'échelle mondiale, de l'ampleur du problème que constituait le harcèlement sexuel - et, au delà, de l'inégalité criante entre hommes et femmes en matière de ressources face à la prédation. Désormais, disaient-ils (disaient-elles), il ne serait plus jamais possible de minorer la violence dont les femmes sont les cibles ordinaires dès le moment où elles sortent de chez elles : il était temps de légiférer d'une telle façon que la simple possibilité d'imaginer pouvoir profiter d'une manière ou d'une autre des faveurs sexuelles d'une femme sans son consentement s'évanouît.

Au fin fond de chaque être humain il y avait un réservoir aussi vaste et lumineux qu'un ciel ouvert. Une source vive dont on avait soi-même verrouillé l'accès. C'était ce verrou qui devait sauter. Il fallait s'attacher à ça, à des trésors que personne ne pouvait nous confisquer.

La vie et l'oeuvre d'un écrivain ne sont pas un don fait à l'humanité :
ils sont sa condition nécessaire.