• Vous n'engagez pas de bataille ? c'est bien dommage. Moi je déclare la guerre. La guerre à tous les Sigmund Schmidt, à tous les profiteurs, à tous les assassins, ces ignorants, ces destructeurs, ces corrupteurs ! A tous ceux qui détiennent le pognon et le pouvoir ! L'Art n'a pas à être rentable ! L'Art ne doit pas être rentable ! Mais l'artiste doit vivre ! Et combien y en a-t-il qui crèvent parce qu'il y a toujours des ratés et des exploiteurs sur leur chemin ? Combien y en a-t-il qui abandonnent parce que c'est ça ou mourir ? Oui, je suis odieux ! Oui, je suis méchant ! Tant mieux ! Mais, moi, au moins, je reste propre !

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  • Il n'y a qu'une seule morale qui vaille dans cette histoire, une seule donnée essentielle : nous ne sommes que de dérisoires étincelles au regard de l'univers. Puissions-nous avoir la sagesse de ne pas l'oublier.

     

     

    Vouloir être optimiste - La Belle Histoire, Claude Lelouch :

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  • Le mot frère - Stéphane Bouquet - - Vous voulez venir avec moi ?
    - Oui je veux bien. Elle l’avait dit trop vite comme l’oiseau qu’elle était et qui souhaitait quoi ? picorer un visage sans doute, oui c’est ça, le sien, un visage d’herbes et de barbe. Elle se sentait transportée, rayonnante, lumineuse. Très très légère et l’idée lui était venue : en sa compagnie, je suis un oiseau, pas autre chose. C’est-à-dire : quelqu’une d’infiniment heureuse et débarrassée de tout danger. Les oiseaux volent, ils échappent aux prédateurs par leurs ailes et vivent d’une certaine façon une vie presque non risquée. Voilà l’idée fausse que je me fais des oiseaux pensa-t-elle. Elle était une fleur et maintenant un oiseau et quoi d’autre ? mais c’était lui qui la mettait dans tous ses états, littéralement, et provoquait ses métamorphoses et elle ne pouvait pas résister : elle était à côté de lui et elle dévalait toutes les formes de la vie, et pas une ne lui échappait, parce qu’il m’ouvre de partout pensa-t-elle, je suis devenue toute.

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  • L'inhabitable - Ariane Dreyfus - Je dédie ce livre à Stéphane Bouquet, à ses phrases tendues. A sa poésie, à son amitié, par lesquelles le vertige au-dessus du vide a été vivable, mué en cette légèreté ivre quand on se nourrit de peu. L'amitié comme la poésie relève sans remplir les mains, fait sourire sans que rien n'ait changé, s'asseoir côte à côte au milieu des ruines. Donne le temps et pourtant personne ne touche les corps. L'inhabitable - Ariane Dreyfus - Parfois l'amour vient réellement, cela aussi a un nom, le nom de quelqu'un. Alors cet autre vertige, celui d'être à la fois une et deux, de ne jamais cesser d'être cela autant que ceci. Incroyable perspective, fabuleux appareillage.

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  • J’ai quinze ans. Mon père s’en va pour rejoindre sa compagnie. Je me campe devant lui pour lui barrer le passage.

    — Je pars avec toi.

    Ses yeux s’agrandissent. J’existe devant lui pour la première fois. Sa fille, ce bout de femme lui adresse la parole, elle qui d’habitude ne parle jamais. Elle disparaît toute la journée dans la rue, revient sale et essoufflée à la tombée de la nuit après s’être battue avec les autres gamins du quartier. Mais aucun mot, jamais, ne sort de sa bouche.

    — Écarte-toi Axelle.

    Il n’ose pas me pousser. Maman me pousse déjà bien assez, alors il n’ose pas.

    — Je pars avec toi papa.

    — Je suis mercenaire. J’me bats.

    — Apprends-moi à me battre.

    — C’est un métier d’homme, Axelle.

    J’ai deux bras, deux jambes comme un homme. J’ai deux poings, comme un homme. Et le double de colère.

    — Apprends-moi.

    — Les femmes ont peur des coups.

    La peur je l’ai avalée. Dans ma bouche, dans ma gorge, elle me tombe tout au fond du ventre, jamais digérée.

    — Apprends-moi.

    — Les femmes ne savent pas s’battre.

    Je rosse les gars du quartier.

    — Apprends-moi.

    — C’est impossible, Axelle.

    Tu es mon père, mon dieu, mon espoir. Pour toi, rien n’est impossible.

    — S’il te plaît.

    Tu pleures comme une enfant Axelle. Tu pleures devant ton père, alors que tu voudrais lui prouver que tu es une guerrière. Un guerrier, ça ne pleure pas.

    — Je t’en supplie.

    Papa regarde sa fille qui pleure devant lui. Une gamine au corps maigre couvert de bleus et de cicatrices.

    — D’accord. On y va.

    Il me met la main sur l’épaule et nous partons de la maison. Sans un mot, juste comme ça. Je m’agrippe à lui, ma main serre son bras. Cinq fois merci, papa. Un pour chaque doigt.

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