• Ostwald - Thomas Flahaut -La centrale nucléaire de Fessenheim est en feu. Un réacteur nucléaire brûle et c'est toute la population qu'on évacue. Avalé ses cachets d'iode et suivre la marche forcée des camions qui dirigent tout le monde vers des lieux de rétention, voilà ce qu'il reste à faire ! Mais Noël et son frère Felix ne l'entendent pas ainsi...

    Comment faire pour échapper à cette mise en quarantaine ? Comment fuir et pour aller où ? Que restera-t-il de cette ville ? et que fera l'Etat de tous ces gens ? Les deux frères n'attendent pas de savoir le sort qui leur sera réservé. Ils fuient. Du mieux qu'ils peuvent. Croisant ça et là des êtres aussi paumés qu'eux, ils décident de se lancer à la recherche de la femme dont ils sont tous les deux amoureux, comme une dernière quête. La seule peut-être digne d'être vécue...

    Bienvenue dans ce no-mans land où plus rien n'est à perdre, car tout est déjà perdu :

    Sur la plateforme, la foule des danseurs, liquide, une mer prenant son élan avant la tempête. Mais derrière la frénésie, les lumières des projecteurs laissent entrevoir des mines déconfites, des yeux fatigués qui ne regardent plus rien d'autres que le vide noir. Des bouches silencieuses, scellées par le goulot des bouteilles de vodka et de gin. Laisser venir l'ivresse et dans la tristesse moite de la nuit un semblant de bonheur. Ici, on fête la fin de quelque chose qu'on n'a pas envie de voir. 

    Un premier roman avec de belles idées et de beaux passages, qui reste prometteur, malgré quelques longueurs...

    ¤ ¤ ¤

    4ème de couv :

    " La secousse que j'ai ressentie la nuit dernière était un tremblement de terre. Les animations commentées par le présentateur du journal le montrent. Un point rose palpite sous la terre. De ce point partent des ondes roses qui font vaciller un cube gris posé à la surface, désigné par une flèche, et légendé. Centrale nucléaire de Fessenheim. "

    Évacués avec le reste de la population, Noël et son frère, Félix, se retrouvent dans un camp improvisé en pleine forêt, la forêt où ils se promenaient, enfants, avec leur père. C'était avant la fermeture de l'usine où celui-ci travaillait, avant le divorce des parents, et l'éclatement de la famille.

    Cette catastrophe marque, pour eux, le début d'une errance dans un paysage dévasté. Ils traversent l'Alsace déserte dans laquelle subsistent de rares présences, des clochards égarés, une horde de singes échappés d'un zoo, un homme qui délire...

    Ostwald est le récit de leur voyage, mais aussi du délitement des liens sociaux, et peut-être d'une certaine culture ouvrière. C'est la fin d'un modèle qui n'ayant plus de raison d'être ne peut être transmis : confrontés aux fantômes du passé, les deux frères doivent s'inventer un avenir. Peut-être est-ce la morale de ce roman en forme de fable.

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  • Karst - David Humbert -Paul Kubler, flic viré du célèbre Quai des orfèvres puis muté dans sa ville natale de Rouen, désespère dans son nouveau commissariat, où il n'a à gérer que des affaires courantes. Finies les enquêtes trépidantes et la vie de flic d'élite. Alors lorsqu'on l’envoie bosser sur une affaire de pollution de l'eau, et qu'à ladite affaire quelques morts sordides sont associés, on sent qu'il renaît, le Kubler ! 

    Voilà juste ce qu'il faut pour ne pas trop vous dévoiler l'intrigue !

    J'ai aimé dans ce polar retrouvé la ville de Rouen, et certains endroits que j'ai arpentés il y a déjà bien longtemps. David Humbert, dans ce premier roman, nous offre avec Kubler, un personnage de flic attachant  qui pourrait bien être récurrent dans d'autres enquêtes. Affaire à suivre... 

    Seul petit bémol : j'ai trouvé que le récit manquait de nervosité, même si tous les ingrédients sont là pour faire un bon polar. Peut-être un peu trop d'explications sur la science de l'hydrologie à mon goût ? Même si c'est loin d'être inintéressant, j'ai trouvé que cela alourdissait parfois le rythme de l'histoire... Mais cela reste un avis personnel qui ne gâche en rien ce roman.

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    4ème de couv : 

    Trop curieux, trop honnête. Pour le lieutenant Paul Kubler, la sanction est un aller simple Paris-Rouen, avec affectation dans un commissariat de quartier de la cité normande, sa ville natale. Les premiers dossiers n'ont pas de quoi faire vibrer cet ex du quai des Orfèvres: promeneurs agressés dans les bois, ouvriers en colère pour cause de plan social? Mais un matin, les robinets des Rouennais commencent à crachoter de l'eau en Technicolor. Rose pâle, puis vert fluo. Quelqu'un pollue les sources. Du ministère de la Santé à la préfecture, on met la pression: il faut éviter l'affolement des usagers et stopper la crise. À cent à l'heure sur sa vieille Honda ou suspendu en spéléo au coeur des grottes, Kubler doit à tout prix découvrir le secret des profondeurs de la craie, le secret du karst.

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  • Civilizations - Laurent Binet - Je ne comptais pas rester sur un avis négatif concernant Laurent Binet (pour rappel La septième fonction du langage fut pour moi une grande déception). Alors, en lisant la quatrième de couv de Civilizations, je me suis dis "celui-là, il est pour moi !" Bien et mal m'en a pris... Bien, car je ne peux pas dire que je n'ai pas apprécié ce livre. L'idée est audacieuse et son développement original. Laurent Binet a su rendre le choc des civilisations : ces adorateurs du soleil déboulant à moitié ou totalement nus, en plein tremblement de terre de Lisbonne. Ces regards ébahis, choqués et ces signes de croix incessants à la vision de ces hommes et femmes dont les habitants ne savent s'ils sont envoyés de Dieu ou du Diable...Civilizations - Laurent Binet -

    Tout cela pour s'apercevoir que les civilisations se suivent et se ressemblent, malheureusement, pour le pire et le meilleur...

    Voilà pour l'idée et le contenu. Là où je suis plus mitigée, c'est sur le récit lui-même, je l'aurai souhaité plus vivant du début à la fin. Autant je suis rentrée d'emblée dans l'histoire, narrée comme un conte livré de longues années après : 

    je dis et j'affirme que ce qui est contenu dans ce livre est très véridique. Ce ne sont pas là de vieux contes et des histoires de Mochicas et de Chimus qui remontent à sept cents récoltes : c'est hier, peut-on dire, que se passèrent les événements qu'on peut lire dans cette histoire, avec le comme et le quand et la véritable manière.

    Autant la fin m'a laissée sur le bord du chemin. J'ai eu l'impression qu'il ne savait comment conclure ; je ne voyais pas bien où il voulait m'emmener... 

    Dommage ! Car certains passages sont jouissifs. Sous un air faussement naïf, on sent que Laurent Binet s'amuse...

    Ils étaient obsédés par l'endroit où ils iraient après leur mort, et du meilleur moyen d'être sauvés, c'est-à-dire d'aller au ciel rejoindre leur dieu cloué (qui pourtant devait revenir sur terre à une date indéterminée, si bien que Chalco Chimac pensait qu'ils risquaient de se croiser) et non sous la terre où l'on brûlait les morts indéfiniment, sauf dans un endroit transitoire d'où l'on pouvait sortir au bout d'un certain temps, mais sûrement pas en rachetant son séjour, de son vivant, avec des florins.

    Alors peut-être retourner aux sources et enfin lire HHhH ? Pourquoi pas ! 

    4ème de couv : 

    Vers l’an mille : la fille d’Erik le Rouge met cap au sud.
    1492 : Colomb ne découvre pas l’Amérique.
    1531 : les Incas envahissent l’Europe.

    À quelles conditions ce qui a été aurait-il pu ne pas être ?
    Il a manqué trois choses aux Indiens pour résister aux conquistadors. Donnez-leur le cheval, le fer, les anticorps, et toute l’histoire du monde est à refaire.

    Civilizations est le roman de cette hypothèse : Atahualpa débarque dans l’Europe de Charles Quint. Pour y trouver quoi ?
    L’Inquisition espagnole, la Réforme de Luther, le capitalisme naissant. Le prodige de l’imprimerie, et ses feuilles qui parlent. Des monarchies exténuées par leurs guerres sans fin, sous la menace constante des Turcs. Une mer infestée de pirates. Un continent déchiré par les querelles religieuses et dynastiques.
    Mais surtout, des populations brimées, affamées, au bord du soulèvement, juifs de Tolède, maures de Grenade, paysans allemands : des alliés.

    De Cuzco à Aix-la-Chapelle, et jusqu’à la bataille de Lépante, voici le récit de la mondialisation renversée, telle qu’au fond, il s’en fallut d’un rien pour qu’elle l’emporte, et devienne réalité.

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  • Le temps des orphelins - Laurent Sagalovitsch - Voilà un roman comme il y en a peu. Et pourtant, me répondrez-vous, que de livres ont été écrits sur la Shoah, les camps et la découverte de toute cette horreur par les alliés. Mais, dans le temps des orphelinsLaurent Sagalovitsch, apporte une vision différente. Il nous conte l'histoire de Daniel, ce jeune rabbin américain, qui fit le choix de s'engager pour libérer l'Europe de la barbarie nazie. Sans arme, il arpente les champs de bataille pour réciter les dernières prières aux soldats mourants ou déjà délivrés de leurs souffrances. Le Kaddish défile en boucle, des centaines, des milliers, à ne plus savoir... 

    Des plages de Normandie, à la libération des camps, il relate toute cette horreur à Ethel, sa jeune femme. jusqu'à ce que son chemin croise ce gamin famélique et mutique, égaré parmi tous ces morts en devenir... 

    Cette main, aujourd'hui encore, si je ferme les yeux, je peux la sentir, cette toute petite menotte qui se frottait à la mienne et la suppliait de l'accepter, de s'en saisir et de la réchauffer afin de former une union indestructible, capable de résister à tous les vents contraires. 

    Peut-on continuer à croire après la Shoah ? Que penser du silence des Dieux (de celui des chrétiens, des juifs, et de tous les autres, si tant est qu'il y en ait...) ? Voilà le thème principal de ce livre. Je vous laisse découvrir ce qu'il adviendra de la foi de Daniel...

    En refermant le temps des orphelins, je n'ai pu m'empêcher de penser à Marceline Loridan-Ivens qui dans une interview expliquait qu'elle ne pouvait plus croire en dieu, en sortant des camps. S'affirmer Juive, c'est faire fi de ce silence sans nom de ce Dieu tout puissant et aimant ; Se renier comme Juive, c'est prolonger le dessein d'Hitler en éradiquant, si ce n'est physiquement, la judéité.

    Je ne sais si elle a résolu ce dilemme. Cela lui appartient. Mais c'est vers elle, que mes pensées se sont tournées. 

    4ème de couv : 

    Avril 1945. Daniel, jeune rabbin venu d'Amérique, s'est engagé auprès des troupes alliées pour libérer l'Europe. En Allemagne, il est l'un des premiers à entrer dans les camps d'Ohrdruf et de Buchenwald et à y découvrir l'horreur absolue. Sa descente aux enfers aurait été sans retour s'il n'avait croisé le regard de cet enfant de quatre ou cinq ans, qui attend, dans un silence obstiné, celui qui l'aidera à retrouver ses parents.Quand un homme de foi, confronté au vertige du silence de Dieu, est ramené parmi les vivants par un petit être aux yeux trop grands.

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