• L'Homme des bois - Pierric Bailly -

    Mon père sur la voie verte ce serait comme de confier une caisse à savon à un pilote de rallye, ou bien comme de lâcher un plongeur des bas-fonds dans une pataugeoire, ou encore comme de demander à un astronaute de sauter depuis un... de s'élancer sur une... je me suis mis à m'emmêler les pinceaux, mais je crois qu'ils commençaient à comprendre. Ce que je voulais dire c'est que c'était un endroit qu'il aimait, que c'était une forêt où il se sentait bien, et précisément pour son côté sombre et rude et inhospitalier. Je voulais dire que c'était une forêt qui lui ressemblait, et qu'elle était à son image, de type solitaire,  un peu sauvage. Parce que c'est vraiment cette représentation de lui que je voulais défendre à ce moment-là. Je m'accrochais à cette idée qu'il était mort dans les bois comme un marin meurt en mer. La forêt qui prend l'homme. Mon père cet aventurier.

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  • Pour un premier roman, c'est fort réussi. Sébastien Spitzer reste au plus près de la vérité historique, imaginant les sentiments, les haines, mettant en lumière les événements sans délayage ni insistance. 
    Le thème de son livre ne m'attirait pas. S'il n'y avait eu la belle critique de Eve-Yeshe, je ne m'y serais peut être pas intéressée. Je ne regrette pas d'avoir franchi le pas. 
    Il y a beaucoup dans ce livre, par petites touches, dans de courts chapitres, l'auteur dit et nous fait ressentir l'essentiel : l'horreur des camps, cette volonté de tenir et survivre dans cette horreur, l'un pour préserver un rouleau de papiers, témoignages des camps, derniers mots de condamnés, l'autre pour sauver un enfant, le sien...

    Et au milieu de tout cela, il y a Magda Goebbels, retranchée dans le bunker où elle finira sa vie, après avoir empoisonné ses six enfants, sans état d'âme ni douleur... Un personnage de roman qui n'a rien d'attachant, qu'on n'arrive pas à excuser, mais ce n'est pas le but de ce livre... 
    Je me suis plus attachée au personnage du père de Magda, qui vient rythmer le récit, comme en filigrane et à celui d'Ava, symbole de tous les enfants survivants des camps... 
    Sébastien Spitzer s'empare de ces événements historiques et les exploitent, les fait vivre de façon nouvelle. Et c'est ce regard, cette manière d'aborder les choses sans retenue mais avec respect qui fait tout l'intérêt de ce livre. 

    Reste la nuit. Épaisse. Lourde. Vide à tous ceux qui ont peur, à ceux qui désespèrent, se trompent. Cette nuit est aussi pleine que les autres. Féconde. Mystérieuse. Imprévisible. Elle s'est insinuée de l'autre côté des murs. L'heure des souffles de vie. L'heure des silences.

    Un auteur que je vais suivre avec intérêt...

    ¤ ¤ ¤
    4ème de couv

    Sous les bombardements, dans Berlin assiégé, la femme la plus puissante du IIIe Reich se terre avec ses six enfants dans le dernier refuge des dignitaires de l'Allemagne nazie. L'ambitieuse s'est hissée jusqu'aux plus hautes marches du pouvoir sans jamais se retourner sur ceux qu'elle a sacrifiés. Aux dernières heures du funeste régime, Magda s'enfonce dans l'abîme, avec ses secrets.

    Au même moment, des centaines de femmes et d'hommes avancent sur un chemin poussiéreux, s'accrochant à ce qu'il leur reste de vie. Parmi ces survivants de l'enfer des camps, marche une enfant frêle et silencieuse. Ava est la dépositaire d'une tragique mémoire : dans un rouleau de cuir, elle tient cachées les lettres d'un père. Richard Friedländer, raflé parmi les premiers juifs, fut condamné par la folie d'un homme et le silence d'une femme : sa fille.

    Elle aurait pu le sauver.

    Elle s'appelle Magda Goebbels.

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  • L'Homme des bois - Pierric Bailly - J'avais lu Polichinelle à sa sortie, comme beaucoup d'autres jurassiens. J'avoue. Il m'était tombé des mains. Lorsque j'ai vu L'Homme des bois sur la liste d'une LC à laquelle je participe, je me suis dit "oh, non !" Prenant mon courage à deux mains, j'ai fait le choix de commencer par lui, comme pour clore d'emblée tout débat intérieur, toute hésitation, m'en débarrasser en quelque sorte. Et je n'ai pas pu le lâcher ! 

    Pierric Bailly a écrit ce livre suite à la mort accidentelle de son père : Il y a quelques années dans le Jura, le corps d'un homme d'une soixantaine d'années a été retrouvé après quelques jours dans la forêt de Revigny.

    C'est sur les flancs du premier plateau qu'il a dégringolé (...) de cette forêt sombre et pentue au sol meuble, de cette petite falaise, de la source du ruisseau, de la dalle de roche calcaire où son corps était étalé, sur le dos.

    Une mort accidentelle qui laisse l'auteur en proie à des questions insolubles : Est-il mort sur le coup ? Que faisait-il avec ses chaussures de ville ? Était-il vraiment parti en quête de champignons ? L'idée du suicide que certains murmurent. Non, ce n'est pas possible... Et pourtant, comment ne pas se laisser envahir par de telles pensées ?

    Alors, il fait et refait sans cesse le parcours de son père en forêt, dans les endroits qu'il aimait arpenter, essaie de trouver le lieu exact d'où il a pu tomber..., se remémore sa vie, ses engagements comme ses renoncements, tout en essayant peu à peu de débarrasser sa maison, trier ses affaires (celles à garder, donner ou ne pas toucher...).

    Il y a la cérémonie, ce discours à préparer, ce père à honorer et cette mémoire à préserver. Alors les souvenirs des moments partagés refont surface. Ceux de l'enfance, de l'adolescence et ces derniers moments. Deux taiseux, deux hommes qui n'ont pas toujours su se dire qu'ils s'aimaient.

    Pierric Bailly nous livre un portrait de son père, fort et sans complaisance : avec tendresse et bienveillance, il met en lumière ses failles, mais aussi ses qualités, ses aspirations et ses rêves inaboutis. 

    Il y a ce beau moment, très symbolique, où il emprunte un des tunnels de la voie verte, celui le moins fréquenté, en terre battue avec l'eau qui ruisselle des pierres et la lumière blafarde des néons. Il s'adresse à son père des entrailles de la terre, dans la pénombre et le froid, il lui raconte "l'après": 

    L'Homme des bois - Pierric Bailly -
    Site du Photographe

    Je me disais aussi que c'était l'endroit rêvé pour croiser le fantôme de mon père.
    Ou simplement lui parler.
    Un lieu calme, isolé, irréel, où je pouvais imaginer qu'il m'écoutait.

    ...jusqu'à la sortie du tunnel où la lumière du jour l'assaille et le rappelle parmi nous.

    Cela sonne juste et beau. C'est parfois drôle et souvent bouleversant, car cela touche à un essentiel : peu importe l'âge ou les circonstances, on est toujours un môme lorsque l'on perd ses parents. Un môme qui se raisonne, redresse la tête et se console comme il peut... 

    Je m'accrochais à cette idée qu'il était mort dans les bois comme un marin meurt en mer. La forêt qui prend l'homme. Mon père cet aventurier.

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    4ème de couv :

    L'Homme des bois n'est pas seulement le récit de la mort brutale et mystérieuse de mon père. C'est aussi une évocation de la vie dans les campagnes françaises à notre époque, ce qui change, ce qui se transforme. C'est l'histoire d'une émancipation, d'un destin modeste, intègre et singulier. C'est enfin le portrait, en creux, d'une génération, celle de mes parents, travailleurs sociaux, militants politiques et associatifs en milieu rural.

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  • Celle que vous croyez - Camille Laurens -J’étais comme un lecteur au milieu d’un roman policier, impatiente de savoir ce qui allait se passer. Et puis, tu me connais, je déteste le virtuel, l’angoisse monte vite, ce qui n’arrive pas me fait tellement plus peur que ce qui arrive, j’ai besoin de la chair du monde. Alors j’ai voulu rencontrer Chris en vrai – IRL. Moi, Camille, plus bravache ou plus confiante que Claire, plus tête brûlée que mon double, moins hantée par la jeunesse et la vieillesse, je n’ai pas pu renoncer. Non que je refuse le rêve, au contraire, je passe mon temps à rêver, j’écris mes livres en rêve ; le chaos dans la bulle, l’encre et le papier, la peau et l’os. Je rêve que les choses arrivent. Puis, pour qu’elles arrivent, qu’il s’agisse d’écrire ou d’aimer, quoi qu’il en coûte, le prix qu’il faudra payer je n’y réfléchis jamais, je suis prête à l’action.

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  • L'Humanité en Péril - Fred Vargas -On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.
    Franchement on s'est marrés. Franchement on a bien profité. Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre. Certes.

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