• Les temps barbares - Bruno Dumézil et Hugues Micol - Les traces de ces siècles obscurs sont d'autant moins visibles qu'elles n'ont pas été recherchées. Jusqu'aux années 1950, lorsque les archéologues dégageaient un site, les constructions en bois étaient généralement négligées : seuls les marbres, la pierre et éventuellement la brique semblaient dignes d'attention. Autant dire que l'époque romaine était largement favorisée. Par ailleurs, lorsqu'une construction imposante était découverte, on l'attribuait soit à l'Antiquité, soit à l'Empire carolingien : un beau monument ne pouvait appartenir qu'à une période "civilisée". Ajoutons que les historiens de l'art pensaient que l'état premier d'une construction était toujours le plus intéressant. Par conséquent, jusqu'aux années 1970, les fouilleurs avaient l'habitude de débarrasser les bâtiments antiques de leurs traces d'utilisation médiévale, comme si de nobles édifices avaient été victimes de squatters embarrassants.

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  • Quand elle dansait, elle ne se souciait pas de savoir s’il allait pleuvoir, si elle risquait de tomber et de se blesser, ça ne l’intéressait pas de savoir si le malheur était déjà en route, si la mort la guettait. Elle était libre, délivrée. Elle était elle-même, sans angoisses ni obsessions. Dans la danse, elle était seule à régner dans un univers d’espaces libres et de possibilités.

    La huitième vie (Pour Brilka) – Nina Haratischwili –

     

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  • Un roman, même une épopée, il faudrait bien Homère pour la raconter. (…) Je suis tombée dans le gouffre. Je vis dans un monde si curieux, si étrange… Du rêve que fut ma vie, ceci est le cauchemar.

     

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  • Les frères Lehman – Stefano Massini –Qu’est-ce que l’âge sinon un lieu de la vie
    identique à l’espace
    un territoire où nous vivons ?
    Chaque âge est un pays, un village,
    si vous préférez une nation
    où chacun de nous
    doit transiter.
    Et de même que chaque lieu du monde
    possède un climat, une langue
    un paysage particuliers,
    de même le vieillissement
    signifie habiter une terre étrangère,
    où les règles des pays précédents
    ont tout simplement
    perdu leur valeur.
    A l’étranger
    il faut apprendre une nouvelle langue
    (…)
    En d’autres termes
    avec les âges comme avec les pays
    tout est inhospitalier tant qu’on est étranger
    et tout est accueillant
    quand on se transforme enfin
    en citoyen.

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  • L’enfant de poussière – Patrick K. Dewdney –Peut-être qu'en dépit de la pauvreté parfois abjecte dans laquelle j'avais grandi, il y avait eu aussi un contrepoids, une liberté un peu rude qui nous avait soustraits jusque-là aux rouages implacables du monde. La faim était un état remédiable, les hématomes se résorbaient vite, rien n'était systématique, ni éternel. L'espoir de jours meilleurs n'était pas une chose intangible, lorsqu'on attendait, comme nous, après de minuscules bonheurs. Et voilà que l'immuable était entré dans nos vies, sous la forme de montagnes et de routes et de mer, ces milles infinis qui nous séparaient des chaînes d'une côte étrangère dont nous ne savions que le nom. Merle ne reviendrait pas. Il m'était soudain apparu que le monde était trop grand et que ses angles pouvaient trancher d'une manière terriblement définitive. Tous mes repères s'effaçaient et, au-delà de cette frontière brisée, il n'y avait qu'un territoire sombre, un marasme fourmillant de questions sans réponses.

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