• Vous maîtrisez tous les ressorts des technologies nouvelles, mais vous ne savez pas lire à l’intérieur de ces pages pour lesquelles vous allez livrer combat. Vous ne savez pas faire la différence entre le vrai et l’authentique. Lequel des deux choisirez-vous de préserver ? Quel œil exercé auprès de vous saura vous guider ? Et saurez-vous lui faire confiance ? Que savez-vous de la confiance, Hazya ? Avez-vous déjà été confrontée à cette obligation : devoir faire confiance à une autre que vous. Faire confiance à une autre comme à soi ? Connaissez-vous la signification de ce second prénom qu’on vous a appris à brandir comme un nom-étendard ? "Khâtema". Savez-vous ce qu’il dit de vous ?
    Certes. Je n'en sais rien. Mais je ne vois pas du tout quelle importance cela peut avoir. Hazya Khâtema, ce n’est qu’une dénomination comme une autre, qui n’influe aucunement sur le cours de ma vie, ni sur ce que je suis.
    C’est là où vous vous trompez, Hazya. Vous pensez n’être qu’une partie infime d’un rouage qui vous semble tellement anodin que vous le pensez vain. Mais ce rouage, Hazya, c’est de vous dont il a besoin et c’est la seule et unique raison pour laquelle vous êtes toujours en vie. Ici et maintenant. Si vous l’ignorez, il est de mon devoir de vous l’apprendre. Ce prénom qu’on vous a confié, que vous affichez comme le plus commun des noms de famille signifie "la fin". Pas celle qui libère et clôt dans la félicité. Non ! "Khâtema" quand tout ce qu’on souhaitait est mort à jamais et qu’il n’y a plus aucun espoir. Ce qui arrive alors, c’est Khâtema. C'est vous Hazya que l'on brandit comme un étendard de l’échec et de la défaite avant d’anéantir tout, à jamais. Les noms de familles sont une nécessité occidentale. Une obligation de notre époque. La planète est remplie de gens qui ne se définissent que par un prénom et qui ne s’en portent pas plus mal. C’est pour se conformer à ces nécessités d’une autre modernité, que Khâtema vous a été donné. À vous. Cette fillette arrivant après tant d’autres. La benjamine d’une lignée nombreuse qui a pris la place de ce garçon tant attendu. Khâtema, comme la dernière née qui anéantit tout espoir.
            Il fit une longue pause. Le regard se fit plus doux, plongé dans les yeux de la jeune fille en face de lui, qu’il pressentait plus tendue et excédée, que touchée et émue.
    Toutes les vérités ne sont pas toujours bonnes à dire. C’est ce que nous verrons ensemble, Hazya. Nous ferons émerger de la fange toutes ces vérités enfouies que plus personne n’ose dire ou écrire et je vous apprendrais à reconnaître celles qui sont “authentiques” de celles qui ne sont que “vraies”. Il appartiendra à vous seule, au moment voulu, de décider lesquelles vous choisirez de sauver. Mon rôle est de vous y préparer et de vous permettre d’effectuer ce choix avec la plus grande assurance possible. Mais il n’y a pas de formule miracle à ce jeu-là, Mademoiselle. Les lois mathématiques qui régissent notre univers n’ont que faire de la justice ou de l’équité !
    Puis je vous apprendrai la contingence et la nécessité...
             Ces derniers mots marqu
    èrent Hazya, qui comprenait de mieux en mieux où voulait en venir Monsieur Germain. Elle le comprenait et l’approuvait. Transparente”. Il ne croit pas si bien dire. L’homme à la redingote verte. Tellement transparente que j’ai l’impression que tout le monde peut lire au travers de moi, que mon vécu, mes émotions et mes pensées sont un livre ouvert pour qui sait regarder. “La contingence et la nécessité”, c’est l’histoire de ma courte vie. Apprendre la nécessité et la contingence ? Mais elles sont gravées dans ma chair et je ne connais qu’elles ! Les mettre à distance et ne plus les subir ! Si c’est ce qu’il est prévu de m’apprendre, je serais votre plus fidèle élève, Monsieur Germain. Je m’accrocherai à vos paroles et ne vous donnerai pas loisir de vous plaindre d’Hazya Khâtema, cette dernière née qui a fait fi des aléas de la contingence face à la seule nécessité qui s’est imposée à elle, la seule qu’elle connaisse et vénère : celle de rester en vie !”

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  • Un peuple de promeneurs, histoire tzigane - Alexandre Romanès -L'Occident, avec sa manie de tout pasteuriser a détruit les tziganes de Roumanie. Il a réduit à l'esclavage un peuple de promeneurs. Il les a obligé à abandonner le voyage et à vivre dans des maisons.
    L'Occident me fait penser à cette doctoresse qui avait des jambes énormes remplies d'eau et qui donnait des conseils de médecine à tout le monde.

    Les clichés selon Alexandre Romanès :

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  • Tu te préoccupes trop de ce que pensent les gens.
    Il faut bien que quelqu’un le fasse.
    Moi j’ai arrêté. J’ai au moins appris ça.
    Avec elle ?
    Oui. Avec elle.
    Je ne la voyais pas comme une progressiste ou une femme légère.
    Il ne s’agit pas de légèreté. C’est une réflexion d’ignorante.
    Il s’agit de quoi, alors ?
    Une sorte de décision d’être libre. Même à nos âges.

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  • Journal d'un écrivain - Viriginia Woolf - Tout en gémissant, je me dis que ce fichu livre touche à sa fin. Il y a là comme un processus naturel, prolongé, plutôt douloureux et néanmoins palpitant, et dont on désire inexprimablement voir la fin. Oh ! le soulagement de s'éveiller et de se dire : "C'est fait." Le soulagement, mais la désillusion aussi, sans doute. Je parle de "Vers le phare". [...] quelle est mon impression ? Je me suis sentie un peu avachie depuis une semaine ou deux, pour avoir écrit sans discontinuer ; mais aussi un peu triomphante. Si je ne me trompe, cela représente l'épreuve la plus longue à laquelle j'ai soumis ma méthode, et je pense qu'elle tient bon. Ce que je veux dire, c'est que je m'imagine avoir tiré des profondeurs plus de sentiments, plus de personnages – mais Dieu sait si j'en suis peu sûre, tant que je n'ai pas examiné mes filets !

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  • Surtout, elle ne pourra jamais dire merci, c'est là toute l'histoire. C'est techniquement impossible ; merci, ce mot radieux chuterait dans le vide. Elle ne pourra jamais manifester une quelconque forme de reconnaissance envers le donneur et sa famille, voire effectuer un contre-don ad hoc afin de se délier de sa dette infinie, et l'idée qu'elle soit piégée à jamais la traverse.

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