• Personne ne tourne la tête vers Vidocq. En un tour de main, il fait sortir sa chemise de son pantalon pour la laisser recouvrir ses genoux et grattant le sol de sa main, s’empresse de recouvrir ses cheveux d’une épaisse couche de poussière. Fendant le groupe de détenus qui ne le connaissent pas, il s’encastre dans l’ouverture pratiquée dans le mur et appelle un manœuvre :
    « C’est pas possible que des hommes aient pu sortir par ce trou. Regarde, j’ai fait le tour pour voir et je passe pas.
    — C’est ça, traite-nous de menteurs. Pissequ’on t’dis que c’est par là qu’y se sont ensauvés.
    — Im-po-ssible », martèle Vidocq. Vexés ils lui font une démonstration.
    « Tiens, donne ta main. Tu vas y passer et tout habillé encore. » Ils tirent et hop, voilà Vidocq du bon côté de la muraille.
    Se frottant toujours son bras endolori, il soupire :
    « Bon c’est pas tout ça, faut que j’remonte mon sac de plâtre. »
    L’oiseau s’est envolé.

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  •  Ce qui m’arrive quand j’écris un poème ? En ressortir plus vivante. J’y choisis mon mode d’apparition, j’y reconstruis ma personne. Là aussi, plus que dans mon esprit, les souvenirs sont supportables, encore à moi sans être en moi. Une autobiographie libérée du cours du temps, de l’irrespirable « jamais plus ». La sensation de mon identité comme un noyau de présent inentamable, qui doit suffire. Si dans tous mes poèmes je finis par dire « oui », c’est parce qu’aucun ne regarde en arrière. On avance toujours quand on regarde en face."Le poème n’a pas peur de ce que je peux ressentir*" .

    Ce qui m’arrive quand j’écris un poème ? - Ariane Dreyfus -

    * Robert Creeley

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  • Le Grand Livre - Connie Willis -Voyager dans le temps à une des périodes de l’histoire longtemps décriée, dénigrée – le Moyen-âge – et découvrir que tout ce qu’on croyait savoir est bien en deçà de la réalité, c’est ce à quoi nous invite « le grand livre » et c’est ce que va vivre Kivrin, jeune étudiante passionnée des temps futurs, partie pleine d’entrain et d’espoir, vers ce siècle qu’elle adule. Bien sûr, les choses ne vont pas se passer comme elles devraient…

    Au XIV e siècle, l'espérance de vie était de 38 ans. À condition d'échapper au choléra, à la variole et à la septicémie, de ne pas ingérer de la viande avariée ou de l'eau polluée et de ne pas être piétiné par un cheval ou brûlé vif pour sorcellerie. Et de ne pas mourir de froid...

     

    Le Grand Livre - Connie Willis -

    Passé et présent vont s’alterner, chacun dans une course effrénée pour la survie et l’espoir d’un retour, de moins en moins certain au fur et à mesure du récit. Connie Willis réussit à nous embarquer dans ce voyage et à nous maintenir accrochés à ce grand livre, dont on aimerait que les pages se tournent plus vite, pour en connaître enfin le dénouement.

    Le Grand Livre - Connie Willis -

    Quelques longueurs, certes, mais dont je n’arrive pas encore à savoir si elles ne tiennent pas tout simplement au fait que j’avais presque hâte de quitter les présents pour retrouver Kivrin, Rosemonde, Agnès et le père Roche, les sons des cloches et les mugissements de la vache dans les oreilles, fébrile et curieuse de connaître la suite… On en oublierait presque qu’il s’agit d’un livre de science fiction, tant les lieux, les gens et leur manière de vivre sont bien représentés et nous fait oublier ce futur que l’auteure nous décrit, où les historiens expérimentent le passé en arpentant les époques comme actuellement les bibliothèques et les sites archéologiques.

    Elle était une vraie historienne, elle avait écrit les chroniques de ce temps dans une église déserte, seule au milieu des tombes. Moi qui ai vu tant de souffrances et le monde entier sous l’emprise du Malin, j’ai voulu porter témoignage, de crainte que les mots ne disparaissent avec moi.
    Elle tourna ses paumes vers le ciel et examina ses poignets sous la clarté crépusculaire. – Le père Roche. Agnès, Rosemonde, tous les villageois. Leur souvenir est conservé là-dedans.

    Si vous aimez cette période de l’histoire, que vous appréciez ou non la SF, ce livre est fait pour vous...

    ¤ ¤ ¤

    La peste bubonique :

    ¤ ¤ ¤

    Le Grand Livre - Connie Willis -

    4ième de couv :

    Quoi de plus naturel, au XXIe siècle, que d'utiliser des transmetteurs temporels pour envoyer des historiens vérifier sur place l'idée qu'ils se font du passé ?
    Kivrin Engle, elle, a choisi l'an 1320, afin d'étudier les us et coutumes de cette époque fascinante qu'aucun de ses contemporains n'a encore visitée : le Moyen-Age.
    Le grand jour est arrivé, tous sont venus assister au départ : Gilchrist, le directeur d'études de Kivrin ; l'archéologue Lupe Montoya ; le docteur Ahrens ; sans oublier ce bon professeur Dunworthy, qui la trouve trop jeune et inexpérimentée pour se lancer dans pareille aventure et qui s'inquiète tant pour elle.
    Ses craintes sont ridicules, le professeur Gilchrist a tout prévu ! Tout, mais pas le pire…

     

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  • Ce n'est pas une décharge de chevrotine, ça ne vous tue pas, peut-être, mais ça déforme, ça détruit, lentement, froidement, comme une substance toxique et irradiante, mutant vers quoi ? Un être supérieur, cuirassé, stoïque, rien ne l'ébranle, rien ne l'affecte, un de ceux qui résiste, un dur, blindage métallique, les yeux décavés à trop contenir l'effroi, il ne montrera rien, ne dira rien, impassible.

    Karine Tuil à l'affiche, France 24 :

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  •  La vengeance des mères - Jim Fergus -Cette fois, tout est vraiment fini. Dès les premières lueurs du jour, telle la main vengeresse du Tout-Puissant, les soldats ont fondu sur nous. J'ai reçu un coup de feu, j'ai peur de mourir vite, le village est détruit, incendié, le peuple nu est parti se réfugier en courant dans les collines et se tapir sur la roche comme des animaux. (...) Je ne sais où sont la plupart d'entre nous, certaines sont mortes, d'autres encore vivantes. (...) Nous sommes blotties les unes contre les autres avec nos enfants. (...) Je suis blessée et crains de mourir bientôt, j'entends mon souffle rauque, des bulles de sang s'échappent de ma bouche et de mon nez [...]
    Tant qu'il me reste un peu de force, je vais continuer à écrire ce qui s'est passé...

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