• Wastburg : La cité où il ne fait pas bon vivre ! Et pourtant. On saigne, on meurt et on castagne dur pour elle.

     "Wastburg (...) était simple à vivre. Pas de passé trouble, pas d'avenir faussement prometteur : la cité n'offrait que du présent. Et ça, (on) pouvait le toucher du doigt."

    La tour des Majeers est l'ultime vestige qui reste de Magie entre les murs de la Cité. La déglingue a tout emporté avec elle. Alors, on évolue dans ce monde de soudards où Cédric Ferrand fait la part belle aux personnages masculins (j'ai pas souvenir d'avoir vu pointer ne serait-ce que l'ombre d'un minois féminin sur plus d'une page), entre déglingue et filouterie, trahison et fraternité, secrets et mensonges..., avec dans les narines l'odeur du sang et de la merde. Car Wastburg, c'est avant tout, cela : un univers de crasse et de violence porté par toute une galerie d'hommes d'armes et de guerre, de pouvoir ou de rien, plus prompts à sauver leurs peaux et leurs combines que préserver la cité et ses habitants.
    Voilà ce à quoi je m'attendais et que j'ai eu plaisir à découvrir tout du long de ma lecture.

    Par contre j'ai eu plus de mal avec ce qui, sans le style de l'auteur, aurait été clairement une déception : la structure du roman. Elle est complètement déstabilisante les cent premières pages, et là je crois que, soit on s'accroche et continue la lecture, soit on referme le livre. Il n'y a pas dans Wastburg, vous savez, ce ou ces quelques personnages qui vous accompagnent tout du long du roman, à qui il arrive "des choses" (appelez cela comme vous voulez : aventures, drames, ...) et que vous pouvez suivre de façon plus ou moins linéaire, dans ce qu'on serait tenté d'appeler "une histoire"...
    Nenni ici. Rien de tout cela. Vous commencez à vous accrocher au premier larron venu, quelques pages plus loin, il est rétamé : "Circulez, y a (plus) rien à voir !" Vous vous dîtes "c'est pas bien grave, en vlà un autre, tout juste là dans le début du second chapitre" et puis, mine de rien, celui-là aussi il se fait la malle. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que tout ce petit monde, qui n'a pas bien l'air décidé à vous laissez lire tranquilou, ceci dit en passant, vous offre l'image d'une Wastburg qui se délite et essaie de sauver les meubles, croquée par une plume qui ne laisse pas indifférent. 
             

    Passée la surprise des premières pages, je l'ai lu un peu comme un recueil de nouvelles qui aurait un thème commun : Wastburg ! Et la 4ième de couv accrocheuse, limite racoleuse pour les amoureux de la plume et l'univers de Jaworski, n'est pas non plus pour rien dans ce sentiment mitigé.
    Il aurait fallu le laisser venir à nous avec humilité, ce premier roman de Cédric Ferrand, sans vouloir orienter notre lecture à grand renfort de comparaison, qui à mon avis, le dessert plus qu'autre chose.

    (Cela se veut flatteur, mais c'est carrément "casse-gueule" !) 

    Alors, je me dis que je n'en resterai pas là et que cet auteur mérite qu'on continue à faire un brin de chemin avec lui, quitte à prendre le risque de le laisser continuer seul. Et peut être serais-je séduite par le prochain au point d'oublier cet arrière-goût de "filouterie" qui nous reste à la dernière page refermée, quand nous nous trouvons de nouveau nez à nez avec la 4ième de couv ?
    Affaire à suivre donc !

     ¤ ¤ ¤

    4ième de couv :

     

    Wastburg, une cité acculée entre deux royaumes, comme un bout de bidoche solidement coincé entre deux chicots douteux. Une gloire fanée qui attend un retour de printemps qui ne viendra jamais. Dans ses rues crapoteuses, les membres de la Garde battent le pavé. Simple gardoche en train de coincer la bulle, prévôt faisant la tournée des grands ducs à l’œil ou bien échevin embourbé dans les politicailleries, la loi leur colle aux doigts comme une confiture tenace. La Garde finit toujours par mettre le groin dans tous les coups foireux de la cité. Et justement, quelqu'un à Wastburg est en train de tricoter un joli tracassin taillé sur mesure. Et toute la ville attend en se demandant au nez de qui ça va péter.

    Roman à facettes, Wastburg propose une vue en coupe d'une cité médiévale macérant dans une fantasy crépusculaire où la morale et la magie ont foutu le camp. C'est comme si San-Antonio visitait Lankhmar. Après La Voie du cygne de Laurent Kloetzer et Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski, se dessine une véritable école de la « crapule fantasy ».

    Cédric Ferrand fait vivre des univers de jeu de rôles (Sovok, Brumaire, Vermine, Nightprowler...), écrit des nouvelles et lit tout ce qui lui passe sous la main. Il vit désormais à Montréal, dans la plus complète schizophrénie linguistique et culturelle.

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    2 commentaires
  • - Avez-vous songé que les livres parlent entre eux ?
    - Comment cela ?
    - Un auteur, dans son livre, évoque un autre auteur et ainsi de suite. Une bibliothèque est un vaste murmure de messages transmis au travers des générations, de questions soulevées, d’hypothèses ou de certitudes affichées.
    - Et ils ont toujours réponse à toutes les questions ?
    - Jamais. Mais ils sont sûrs de leurs erreurs !

     

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    2 commentaires
  • En vain vous levez-vous matin,
    vous couchez-vous soir :
    Vous, qui mangez le pain de douleur.
    - - -

    Vanum est vobis ante lucem surgere :
    Surgite postquam sederitis,
    Qui manducatis panem doloris.

    Vivaldi : Nisi dominus (Cum dederit) - Philippe Jaroussky - :

     

    ¤ ¤ ¤

    La pertinence de Vivaldi ?
    Ré-écouter le Cum dederit de Nisi Dominus et de bonne foi regardez vous dans une glace et dîtes que cela ne vous a rien fait...
    Jean-Christophe Spinosi

    Vivaldi - Jaroussky - Lemieux - Spinosi :

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  • Mécanismes de survie en milieu hostile - Olivia Rosenthal -Les faits ne se contentent pas d’arriver, ils reviennent. Qu’on les accepte ou non, ils sont plus insistants et plus entêtés que les stratagèmes qu’on invente pour les éviter. Écrire fait partie de ces stratagèmes. On croit contrôler, répartir, organiser et tenir le réel sous sa coupe et la plupart du temps on se laisse déborder. On avance aveuglément vers le dénouement pour découvrir in extremis qu’en fictionnant le monde on a seulement essayé de retrouver ce qui avait eu lieu et qu’on avait oublié.

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  •  

     

    Il y a (...) des gens qui sont poètes intérieurement, profondément. Et cette poésie est parfois plus forte et plus haute que celle des poètes officiels qui travaillent le mot.

     

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