• « Mon seul désir », la seule des six tapisseries de la Dame à la Licorne qui porte une inscription. Et la plus mystérieuse. Les cinq autres seraient l’illustration des cinq sens.

    Interprétations communément admises : elle serait la représentation d’un sixième sens, celui de l’âme et des mystères de l’esprit ou plus simplement l’allégorie de l’amour courtois - « Ma maistresse, mon seul désir » vers célèbre de Charles d’Orléans - .

    Se pourrait-il qu’elle soit les deux à la fois ?

     

    Partir de ces tapisseries, aussi belles que fascinantes, comme fil rouge (je sais, elle était facile, celle-là !) d’une intrigue fantastique (au sens propre comme au sens figuré) complexe et originale, c’est là l’idée géniale de Mathieu Gabella. Mais cela ne s’arrête pas là !

    Vous allez y découvrir un seizième siècle fascinant :
    - les médecins, chirurgiens et barbiers qui se vouent une haine féroce, les uns engoncer dans un savoir académique, tout droit hérité de l'Antiquité, les autres, « apprentis sorciers », passionnés et animés d'une sorte d'euphorie née de la transgression des lois de la nature.
    - le monde tel que le voit les scientifiques, astronomes et alchimistes, et ce sentiment de toute puissance de l’esprit humain, que va tenter de récupérer et étouffer à son avantage, l’Église, prête à tout pour asservir la multitude et posséder un pouvoir absolu sur l'espèce humaine.

     

    Je ne veux pas trop en dévoiler, car j’aurai trop peur de vous gâcher la découverte de cette BD et j’aurai presque envie de vous dire que très vite, vous serez tellement happé par le coup de crayon d’Anthony Jean, que même l’histoire ne prendra pas le dessus… Alors, pas trop de développements sur le scénario, mais l’expression d’une grande claque : celle que je me suis prise à la découverte des dessins, des détails à foison et de la colorisation soignée qui évolue au gré du récit. Et ce déluge ! Une sacrée clef dans l’histoire et une satanée idée de génie de la part de Gabella !

    Seul bémol : je pense qu'il aurait fallu quelques planches de plus pour permettre aux auteurs de poser le dénouement, sans déballer trop vite la fin.

     

    Je m'aperçois que je ne vous ai même pas parler de la Licorne. Peur de trop en dire. Ou pas assez. Alors, laissons-là ! Car c’est ce qui fait aussi partie de ce sentiment général de tenir en mains « un petit bijou » : cette re-visitation de grands mythes, que nous prenons, pauvres fous qui gobons tout ce qu’on veut bien nous faire croire, comme ritournelles de troubadours ou paraboles de livres saints, alors qu’au bout du compte, il y a derrière tout cela, une autre réalité !

     

    N'a t-il pas fallu tuer le Moyen Âge pour faire vivre la Re-Naissance, ce grand renouveau du monde occidental, surgi des décombres de cet âge qu'on voudrait nous faire croire arriéré et miséreux, sorte de néant insipide ?
    Gabella et Jean nous en donnent la clef. La leur…

    Et pourquoi pas ?!

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     Bande Annonce, La Licorne :

     

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    4ième de couv :

    En 1565, après la mort d'anatomistes réputés dans d'étranges circonstance, Ambroise Paré, chirurgien du roi considéré par les médecins de la Faculté comme un rustre parvenu, constate le décès de l'un d'eux. Son enquête lui fait découvrir des recherches que le pouvoir et l'Eglise tentent d'étouffer.

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  • Je me suis rendu compte à quel point ces moments dramatiques l'avaient marqué... A vingt cinq ans, alors qu'on est encore un môme ! j'ai compris beaucoup plus tard, après avoir franchi cette période de l'adolescence où j'étais en conflit avec mon père, lui reprochant son passé militaire, j'ai compris, donc, à quel point ces années terribles avaient compté pour lui, dont la jeunesse avait été confisquée, volée, pourrait-on dire...
    4 ans et 8 mois de captivité, le froid, la faim, la survie et surtout l'amertume...

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  • Jeune homme. Comprenez bien une chose : il existe deux Londres. Il y a la Londres d'En Haut – c'est là que vous viviez – et puis il y a la Londres d'En Bas, l'En Dessous – qu'habitent ceux qui sont tombés dans les failles de ce monde. Vous appartenez désormais à leur nombre. Il faudra vous débrouiller de votre mieux ici-bas. Avec les égouts, la magie et le noir.

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    Fan Fiction :

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  • La bouche de quelqu'un - Ariane Dreyfus -Écrire des poèmes, comme on aime. Les laisser jaillir de soi, comme un cri, une décharge qui cambrent tout le corps : « L'amour n'ôte pas ses mains. (…) Pas de porte close dans le poème. »

     

    Écrire comme on enroule ses bras et ses jambes autour du corps de l'être aimé.

    « Tant que tu n'es pas parti je ne ferme pas les yeux.

    (…)

    Le oui, le tien,

    Répété jusqu'au ventre.

     

    Nous qui commençons

    Tout devient croyable. 

    (…)

    J'écris plus fort que me souvenir. »

     

    Écrire pour combler l'attente, le manque, quand les corps se séparent.

    « Je vais encore demander si c'est un poème, mais je ne demande plus si je t'aime . »

    Savoir que « les caresses passent, la vie aussi c'est pas à pas », et se demander, entre deux, « Qui dérivera ? »

     

    La bouche de quelqu'un - Ariane Dreyfus -

    Gérard Schlosser (né en 1931)
    Le Baiser, 2010
    Acrylique sur toile sablée, 80 x 80 cm

    Mendier la caresse. Attendre les pas qui font crisser les graviers, laisser la porte entre-ouverte et le lit aussi, toute la nuit, le feu allumé à brûler la peau, se réveiller seule, les draps froissés, se dire, oui, il y a eu un corps dans les creux du mien... Se dire :

    « Il est parti parce que revenir est un cadeau
    Qu'elle aimera beaucoup et longtemps. »

     

    Et puis, le réveil brutal et le retour à une autre réalité :
    « Ariane, je ne t'ai jamais aimée. »

    Et tous ces poèmes qui sortent et qui jaillissent encore de soi !

    « J'enfonce ma tête dans tous les poèmes de ma vie. »

     

    Que faire ?

    « Je continue notre livre

    Le feu d'une seule brindille. »

     

    Pour rester debout. Continuer à écrire :

    «Des phrases, leur poids,

    Mieux que se retourner mille fois contre le drap. »

     

    Et ce décompte :
    « Encore un poème, encore une nuit finalement vécue. »

    « Rien pour retenir ?

    Celle qui découvre la boue
    Dedans. »

     

    Et puis, « parfois fermer les yeux », « sentir enfin d'autres joues », laisser d'autres lèvres approcher les nôtres - « la bouche de quelqu'un » - et ravir d'autres mains. 

     La bouche de quelqu'un - Ariane Dreyfus -

    « Pourtant je vous souris sincèrement comme on se lève quand c'est tout fracassé.

    (…)

    Il faudrait reprendre tous les mots pour maintenant, les laver au ruisseau qui glace les mains, s'appuyer longtemps sur ses genoux. Souffrir pas à cause des sentiments, je resterai jusqu'à ce qu'on embrasse la bouche de mes mots.

    (…)

    J'ai tellement écrit pour seulement ouvrir la bouche. Il faudrait des mots à peine sortis, mouillés encore de langue. J'oserais me tourner vers vous, dans mes yeux le regard et si vous aussi tu m'émeus.

     

    Si toi aussi je n'écrirais plus. »

     

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    La bouche de quelqu'un - Ariane Dreyfus -

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  •  

    Les chiffres sont aux analystes ce que les lampadaires sont aux ivrognes : ils fournissent bien plus un appui qu'un éclairage.

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